lundi 10 mai 2010

pensée du jour (suite du 20 avril)

En citant J.P. Martin, j'évoquais le droit à révision de ses jugements ou de ses comportements et voilà qu'une jeune journaliste T.V. vient illustrer ce propos. Avec acharnement, elle s'escrime à démontrer que F. Mitterrand fut un fichu pétainiste, souscrivant aux objectifs de la trop fameuse "Révolution nationale" après avoir côtoyé l'extrême droite avant 1940. Soit, et je n'ai aucune envie de faire de l'ancien président un parangon d'honnêteté ou de sincérité, mais,répondant à la première, une autre journaliste est venue tout aussitôt opposer à sa consoeur le fait, non moins contestable, que Mitterrand fut après 1943 un résistant authentique. Qu'il ait caché, sinon nié ses opinions premières ne fut peut-être pas glorieux, mais qu'aurait rapporté - et à qui ?- un aveu ?
La fidélité, vertu si prisée du plus grand nombre, aurait-elle dû conduire F.M. à demeurer vichyssois et à se faire embastiller, voire fusiller en 44 ? La peine de mort serait peut-être encore en vigueur en France.

samedi 1 mai 2010

Radiophonie

Surprenante radio que "France Culture" , capable du pire comme du meilleur.
À ce titre, l'émission du matin entre 6 et 7 heures, où l'on tend le micro à ces Messieurs(oui, très peu de femme, peut-être dorment-elles encore ?) du Collège de France. Lisant leur papier -et plutôt mal, plutôt que de nous aider à nous éveiller, ils semblent s'être donné pour tâche de nous inviter à replonger sans tarder sous la couette, parlant du recrutement des janissaires de l'Empire ottoman du XIVè siècle ou de je ne sais quel autre sujet aussi lénifiant qu'abscons.
À le même heure, ce samedi matin, la place était occupée par de très jeunes spécialistes de la guerre moderne qui évoquaient les innovations que l'intrusion de la communication informatique chez les combattants apportent dans la guerre moderne. Décrivant les affres de tel chef de groupe aux prises avec "Power point" tandis que ses hommes se faisaient massacrer. Ou encore la surprise des Américains, qui, faute d'avoir prévu que la guerre contre l'Irak (première guerre du Golfe) serait si rapide, n'avaient pas su quoi faire ensuite. Je ne parle ici que des quelques bribes qui m'ont paru intelligibles, car, dans l'ensemble, si j'ai bien reconnu le vocabulaire, la syntaxe et la grammaire de la langue française, je n'ai rien compris à ce que l'on me disait.

Novelette 2

L’envol des colombes

L’envol des colombes est interdit à quiconque porte une tiare, il est temps de le dire et je ne supporterai pas que l’on m’interrompe, encore moins qu’on me pose question.
Le temps est venu, oui, le temps est venu de se taire et d’entendre ce que disent les plumes blanches qu’on a vu descendre une à une tandis que vous aviez tête baissée. Marquez-en l’emplacement et ne bougez, soyez attentifs et que le soir finissant recueille votre soupir. Qu’on en finisse avec tiares, couronnes et diamants, tous usurpés et que cessent l’attente et l’imprécation. Lourde charge que je n’ai cessé de porter, de plus en plus lourde à mesure que s’allonge le chemin, sans espoir de renoncement. Fardeau nécessaire et sans raison, faut-il le dire aussi ? En peu de mots, par exemple ceux-ci : À quoi tient la vie, sinon à rien ? Et que chacun veille, en attendant.
Celui qui avait parlé se tut et chacun des hommes assemblés s’effraya du silence qui s’abattit. Sous le poids, certains courbèrent le dos et baissèrent les yeux. L’attente serait longue. Quelques uns pensèrent à répondre et puis y renoncèrent. Le monde entrouvrait ses entrailles, il était temps de douter.
Hommes agenouillés... reprit la voix dans une exclamation qui s’éteignit aussitôt et l’on sentit l’effroi grandir dans la foule. Les hommes assemblés surent alors qu’ils étaient semblables et chacun prit conscience que c’était terrible, mais aussi qu’il suffirait pour échapper au malheur que meure celui qui leur avait parlé, qui avait osé quand tous se taisaient et qu’aucun ne connaissait.
Pourquoi ? murmura l’un d’eux à voix basse. Et son voisin répondit : Regarde nos mains. Hommes de peine nous sommes tous. Nos mains de misérables contiennent toute la vie du monde. Mains qui savent étreindre et caresser aussi bien qu’étouffer, mais qui savent aussi semer et récolter, nul seigneur n’en ferait autant.
Reprenons, dit un autre et levons la tête. On entendit en écho quelque part : C’est assez veillé en effet ! Nulle force en dehors de nous, c’est assez de mourir.
Le vent se leva, déchirant la nuée. D’un même mouvement, ils regardèrent le ciel qui était calme et vide et ils se mirent en marche.
De l’autre côté du fleuve, était une forêt dans laquelle ils entrèrent, ce qu’aucun homme avant eux n’avait fait.
Ne sommes-nous pas ici chez nous, dit celui qui y était entré le premier, mais cela fit peur et, en silence, quelques uns s’éloignèrent, profitant de l’ombre du couvert pour gagner la lisière proche où ils décidèrent de faire seuls leur chemin. On ne les revit jamais.

vendredi 30 avril 2010

la pensée du jour

L'opinion commune n'aime guère qu'on lui oppose l'expérience d'un retournement sur soi; en revanche, que des affiliés à vie persistent dans la fidélité à leur propre bêtise, cela ne semble gêner personne. (J.P. Martin in "Eloge de l'apostat"Fiction & cie Le Seuil 2010.

vendredi 23 avril 2010

Novelette 1

Départ


On n’a jamais rien su de ce qui s’est passé ce jour-là. C’est resté dans la mémoire des morts, chacun ayant gardé pour lui ce qui aurait pu se dire, afin de ne pas détruire ce qui pouvait rester d’harmonie entre eux. Impossibles à dire, les mots fussent de toute façon restés bien faibles, bien insuffisants.
La seule chose dont on puisse être sûr, c’est qu’à un certain moment, esquissant le geste de quitter sa chaise, il a dit : “ Bon, maintenant, il faut que j’y aille !” sans se lever encore toutefois, tous trois se regardant.
Encore là, mais déjà parti, sans envie véritable, mais nécessité pourtant que personne n’évoquerait - et surtout pas lui - sans aucune précision, laissant chacun imaginer à sa façon, la moins douloureuse possible, chercher une explication, un fait, une date plus ou moins lointaine que lui-même aurait oubliée si elle avait existé, qui aurait été à l’origine de tout, affronté qu’il était aujourd’hui à cette décision qui s’imposait à tous, mais qu’il ne reconnaissait déjà presque plus comme sienne. Lentement mûrie - d’autant plus solide, inexorable - pendant des années dans le silence puisque n’en pouvant parler à personne, même pas - surtout pas - à ce père dont il était pourtant si proche et maintenant que tout aurait pu se dire, chacun choisissait de se taire, la pensée n’ayant pas pris la même direction pour chacun d’eux et appelée d’ailleurs à changer dès qu’il aurait franchi la porte, à changer encore demain et à changer tous les jours qui s’ensuivraient jusqu’à ce qu’on ne reconnaisse plus rien, la douleur se faisant à la fois plus présente et moins forte et qu’il ne reste de cet instant si intense et à bien des égards si émouvant, que l’idée que l’on pourrait se faire d’une image disparue, à moins qu’ayant tout oublié de ce qui s’était exprimé au cours de ce long silence, l’un ou l’autre ne gardât en mémoire qu’une attitude, un regard vers la pendule, un geste vers le chien qui dormait à leurs pieds devant la cheminée, celui-ci ne s’attendant à rien - pas comme eux - profitant seulement de la chaleur du feu, un peu de fumée s’échappant toujours dans la pièce pour aller noircir un peu plus les grandes figurines des deux joueurs de cartes qui s’affrontaient au-dessus de la cheminée depuis de longues années, le visage de l’un, grimaçant et hurlant : “capot !”, mais sur lesquelles on ne voyait plus que les chiures de mouches vraiment trop nombreuses, bref, chacun n’ayant rien gardé de soi ou presque, seulement quelque chose venu d’un des deux autres et pas nécessairement de celui qui s’apprêtait à les quitter. C’est ça qu’il avait voulu dire tout à l’heure, que c’était l’heure, qu’il n’y pouvait plus rien, n’ayant rien décidé lui-même, que c’était une fatalité, que le temps était venu mais aussi que le temps était passé, qu’un autre temps allait commencer sitôt qu’il aurait quitté la pièce, qu’il allait se séparer d’eux - et pas seulement de l’un ou de l’autre - malgré lui, sans qu’on sache au juste où il allait, ni où il serait demain, juste que ce serait au-delà de la mer, en pays étranger, loin d’ici. Peut-être avait-il ajouté, au tout dernier moment : « Vous direz à mon frère »…, mais sans terminer sa phrase, la mère ayant aussitôt tranché : » Oui, on lui dira, ne t’inquiète pas », en ce moment où le fait d’être ensemble n’avait déjà plus aucun sens, gestes inaboutis et parole muette, lui ne le prolongeant et eux ne l’acceptant que comme une formalité parfaitement vide, mais peut-être nécessaire, pour plus tard, quand il ne serait plus là. Et que valait la promesse de revenir un jour quand l’avenir se faisait aussi impénétrable, aussi indéfinissable que ce présent auquel tous les trois se heurtaient en silence, lui regardant tour à tour son père et puis sa mère, celle-ci longuement, avec un regard qui ne disait ni une indulgence qui n’eût pas été dans l’ordre des choses ni une indécente compréhension ?

jeudi 22 avril 2010

avec ou sans S ?

À la T.V.,
200 euros se prononce "deux cent Heuros",
mais
100 euros, se prononce "sans euros". (on fait la liaison !)
Porquoa ? comme disait Grocq, jadis ?

mea culpa

Je présente mes excuses à ceux de mes lecteurs qui m'ont fait remarquer que pour bien critiquer, il vaut mieux être exempt soi-même de trop de relâchements, d'à peu-près et de fautes de français et de frappe). Soit. Je promets de faire plus attention, tout en essayant de garder un peu de la vivacité et de la spontanéité de mon "ressenti". (Moi aussi, je sais jargonner !)