PLAGE
Ce sont deux enfants. Ils marchent sur le sable qui longe la mer, si calme aujourd’hui et chacun veille à marcher du même pas que l’autre, jambe contre jambe, pour éprouver plus charnellement le plaisir d’être ensemble.
C’est la morte saison et ils sont seuls. Seuls et amoureux.
Elle est plus petite que lui et tout en marchant il garde sans effort sa tête à elle au creux de son épaule. Il parle et elle l’écoute. Elle répond et il comprend tout ce qu’elle dit. Ils s’entendent.
Ce qui leur est arrivé leur paraît à la fois si beau et si naturel qu’ils prennent ça pour un dû, quelque chose à quoi ils avaient droit et qui ne leur avait été refusé jusqu’alors que pour une raison obscure mais assurément injuste, trop injuste. Quelque chose de raisonnable, tout simplement.
Ils ne garderont aucun souvenir de ce qu’ils disaient ce jour-là, mais seulement celui du bruit de la vague lointaine et mourante, de la douceur infinie de l’air, de son silence inhabité.
Ont-ils au moins quelque projet d’avenir, ou bien l’intimité de cet instant limité leur suffit-elle ? Ont-ils même besoin d’imaginer quoi que ce soit, puisque le présent est toute leur vie, ce qu’ils savent bien ? De toute leur force, ils sont attentifs à sculpter ce présent dont ils sont le fruit autant que le modèle, à lui donner forme palpable et douceur tangible.
Quel âge ont-ils ? Quinze ans, vingt ans, Quarante, soixante ? Cela n’a pas de sens, plus de sens.
Ils ne reviendront jamais ici ensemble mais aujourd’hui, ils ne le savent pas. Ils n’ont fait que se chercher avec application, se trouver, et c’était pour venir marcher sur cette plage, pour vivre cet instant.
C'est de qui ?
RépondreSupprimerQuoi? La plage ? Mais... de moi, Antoine, chère Marie !
RépondreSupprimerC'est très beau, Antoine..... Je me doutais bien que tu en étais l'auteur mais comme tu ne l'avais pas dit... Tu es trop modeste.
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