Les escaliers d’Ollentaitambo
L’insomnie s’est faite malgré moi. Je l’ai aimée comme ces hauts monts émergés de la brume tôt le matin. Le matin, sans dormir - dormirai-je bientôt ? - est-il nécessaire que je dorme, maintenant que j’aime cette veille si tard venue ?
Lima, Pérou, ce soir on m’a parlé de vous. Et moi, je voudrais vous parler d’Ica, d’Arequipa, Ayacucho et aussi de Cuzco et de l’Urubamba, du petit train tortueux plein de poulets qui suivent leurs Indiens, d’un conducteur qui me ressemble, de touristes qui ne ressemblent à rien, à moi si vous voulez mais je ne voudrais pas. Pourquoi partir et surtout pourquoi ne pas rester ? Un jour, vraiment, je ferai le compte de tout ce que de ce que j’aurais dû faire, que je n’ai pas fait, pourquoi ?
Loufiat sidéral, infrangible tumulte, c’est ce que je leur ai dit. Sans rire, mais ils ont ri et j’en ai été heureux,gardant pour moi le tumulte boueux du fleuve filant vers l’Amazone – mais que faisais-je en ce lieu ?
Ô pourquoi n’as-tu pas davantage d’imagination, toi qui ne sais voir que ce qui est, et bien peu à la fois ? À moi les mots que j’attends, les mots qui me feront, les phrases qui me surprendront.
Trève. Je t’en prie, ne parle plus, tu ne sais rien. La vie, peut-être, tant qu’un peu d’air traversera ta bouche, tes poumons, ne jamais mourir noyé ni repu.
Trêve encore, je ne suis pas ennuyé, impatient encore, juste comme je le voulais.
Longuement s’arrêter, longuement, laissez-moi me reposer, je ne retournerai jamais à Ollentaitambo. Je ne ferai que revenir à l’endroit où je suis né pour le quitter encore une fois encore vers le pays où je finirai, où je serai attendu, du moins, je le crois, depuis que je sais comment les choses se font, les petites choses qui me font moi et pas un autre, moi unique et infime, mais unique auquel je me suis habitué. Pour goûter une paix convenue à partager.`
Le fleuve Urubamba, terrifiant de fureur et ses oiseaux inconnus, perchés sur des rochers émergés, arbres, inattendus, mousses, lichens ses mousses et ses lichens suspendus comme des fleurs de rocher, le tropique tout proche, que je ne verrai pas.
Cuzco, nombril du monde, que j’ai vu, dans lequel je suis entré, pas besoin de long temps pour aimer mais il faudrait comprendre.
Ollentaitambo, dont je me souviens.
Dernier combat, où le dernier Inca fut égorgé, forteresse abolie, escaliers de sang sur lesquels nous sommes tous morts.
Ô Conquistadores. Qu’avez-vous fait ?
Tes textes sont vraiment très beaux, Antoine. Je suis bluffée. Je sais, ce n'est pas un mot que je devrais utiliser sur ce blog (et ma tournure de phrase à l'anglaise ne vaut pas mieux :-))
RépondreSupprimerBonsoir Antoine,
RépondreSupprimerj'ignorais que tu avais séjourné au Pérou. J'ai visité aussi Cuzco, Machu Pichu, Ollantaytambo, et d'autres lieux de cette région... J'aime bien ton évocation du rio Urubamba...
AB