D'ordinaire, la pierre que le passant s'amuse à jeter dans l'anfractuosité d'une faille en montagne ne file pas droit, elle rebondit sur une première saillie du rocher, puis sur une autre, avec un bruit sourd à chaque fois, si bien que l'on pourrait dessiner sa trajectoire à l'oreille. Trajectoire et profondeur de la chute.
Là, ce fut direct. Profond, cependant. Aussi direct que profond.
Seul. Rester seul, avoir peur d'être seul, peu importe ce qu'on m'a dit. Je ne m'attendais à rien, c'est tout. Ce mot, je le connaissais, pour l'avoir vu passer, de loin, s'adressant à quelque inconnu, jamais à moi. Autant dire que je ne le connaissais pas, non plus que l'univers qui l'entoure et le justifie. Solitude.
Je n'avais jamais eu peur, me semblait-il, de la solitude et voilà qu'en un instant si court qu'on n'aurait pu le mesurer, le mot avait traversé mes profondeurs les plus intimes. Tout de suite, le bruit, la résonance me parurent être d'une extrême importance, mais tout comme la pierre au fond de la faille, ma pensée s'est arrêtée net. Sèchement, sans provoquer le moindre écho. Ce serait donc pour plus tard. Sur l'instant, il ne fallait retenir que le vertige de cette chute et la surprise absolue qui en avait résulté.
Je pense à une chanson de Brel. Non Jeff t'es pas tout seul. Non, Antoine, t'es pas tout seul. Comme l'autre chanteur, je dirais bien la solitude ça n'existe pas. C'est un cliché d'un banal! Mais pourtant j'y crois, je crois que c'est vrai. Elle n'existe la solitude, que quand quelque chose d'autre nous en fait prendre conscience, comme le manque d'amour à donner et à recevoir, un gros problème qui vous tombe dessus et qu'on devra affronter seul, une maladie qui vous fait peur.... Une fois ce quelque chose d'autre disparu si cela peut se faire, la solitude n'existe plus. Il ne reste que la liberté.
RépondreSupprimerAntoine, j'avais posté un commentaire tout à l'heure et je vois qu'il n'apparait pas..... Il s'est perdu ?
RépondreSupprimer( Essai car le précédent a disparu aussi ...)
RépondreSupprimerBonjour, Antoine !J'avais pris connaissance de tes précédents écrits et me proposais d'en commenter quelques-uns mais ta vieille amie se doit maintenant de réagir en urgence ...
Dans "solitude" tu vois:"solus = seul" mais l'incurable optimiste que je suis te propose : "sol = soleil". Garde la lumière, Antoine,on ne peut se passer d'elle, elle est en toi,te réchauffe et t'éclaire. aucune raison ne peut t'entraîner à la mettre en veilleuse ...
RépondreSupprimerLa solitude, nous disions récemment que nous l'avions un peu apprivoisée, elle n'est pas plus menaçante ...
Parmi les synonymes du mot "seul", on trouve: "unique" / tu es d'accord,tu dis plus haut "moi unique"/ et aussi "original" qui peut figurer comme un de tes titres de gloire !...
Ce bruit qui a retenti en toi, je t'engage à le modifier :
° corrige la dureté de l'anfractuosité en la tapissant de matériaux plus doux et agréables rencontres et conversations amicales, balades ensoleillées, découvertes rafraichissantes ...
° déniche dans des placards inexplorés depuis longtemps, des souvenirs heureux, des moments de joie, d'affection, des trésors enfouis qui te feront revivre des flashes chaleureux ...
° nourris ce Blog, si riche, en raison des intérêts variés que suscitent tes réflexions et, j'insiste, de la qualité de l'écriture!...
Souhaitons que ce méchant bruit se transforme bientôt en une sonorité acceptable...