dimanche 28 février 2010

Charles Juliet

Ayant lu naguère les deux premiers volumes du "Journal" de cet homme douloureux (qui me disaient quelque chose de moi), j'ai profité de sa venue à Montpellier ce vendredi pour aller l'écouter lire quelques extraits de son oeuvre, (qui ne se limite pas au journal.)
Est-ce sa voix faible ou  la mauvaise acoustique, ou une difficulté toute simple à exprimer l'essentiel, j'ose dire que je n'ai pas entendu grand chose, quand son visage, par contre, 
 parle d'une façon éloquente. On y lit d'abord une farouche obstination mais pétrie de tristesse. Sous un front haut qui ne s'arrête que sur la barre noire des sourcils, il faut deviner le regard, si enfoncé dans les orbites qu'il semble entièrement tourné vers son intérieur et les lèvres ne révèlent aucune sensualité.
Un visage qui dit, mieux à mon sens que  la voix, la volonté de vivre, mais non l'épanouissement qu'on cherchait et qu'on est censé avoir trouvé. Visage qui a sans doute vieilli très tôt, sans jamais avoir pu se départir de l'ancienne détresse. (*)
L'homme reconnaît que sa décision d'écrire a toujours reposé sur son besoin de mieux se connaître. Il accepte de parler de thérapie et paraît convaincu que l'écriture l'a aidé à changer, mais c'est pour reconnaître un instant plus tard, que ce que l'on trouve à l'intérieur de soi n'est qu'un magma, un brouillage.
Il faut donc se poser la question de savoir ce que l'on peut espérer, de cette façon, trouver en soi, puisqu'il est avéré que chaque instant nous change, que l'impermanence des choses gouverne le monde et que c'est la seule certitude dans laquelle on puisse trouver un  peu d'optimisme ! Puisque rien n'est définitif, que tout peut (encore) arriver !
Je sais quelque chose par ailleurs des écrits de C.Juliet concernant ses amis peintres(Bram Vanvelde, par exemple, qui fut cher aussi au regretté Pierre Torreilles, le fondateur de la librairie Sauramps). Là,  pour parler de la peinture, l'auteur a vraiment su trouver les mots d'un créateur pour parler de la  création.
Si écrire a un sens, n'est-ce pas en effet pour cela ?

*C.Juliet a perdu sa mère très jeune (3 ans ?)et ne s'en est jamais vraiment remis.

vendredi 26 février 2010

Expositions de peinture

Il y a deux choses que je ne supporte pas : la mauvaise foi et les conférenciers de musée.

Jean-Claude Carrière

À la T.V hier, J.C. Carrière rappelle qu'il s'est longtemps interrogé : "Ai-je assez de matière invisible en moi pour écrire ?"
À propos de son dernier livre :"Mon chèque", qui évoque les difficultés qu'un auteur rencontre parfois (*) pour toucher ce qu'un éditeur (ou un producteur de cinéma), l'écrivain rappelle qu'il lui  faut un an pour écrire un scénario de film... pour finalement s'entendre dire " Très bien, votre scénario, mais...vous ne trouvez pas que Robinson est un peu seul sur son île ?"

Du même : "Notre vie est entourée de mystères : l'argent, par exemple, on n'y comprend rien. L'écriture aussi, est un mystère"

 * NDLR : parfois ou souvent ?

Turner

Aucun coucher de soleil n'atteindra jamais à la beauté d'une aquarelle de Turner

jeudi 25 février 2010

Dialogue

- Hou hou, que j'ai froid !
- Mais, chérie, c'est l'hiver...
-Et alors ?

Chat

Sournois, égoïste, indépendant...
Et en plus, ça bouffe les petits oiseaux...
Enfin, il faut voir comme ils prennent plaisir à faire souffrir la pauvre petite souris qu'ils viennent d'attraper !
... Comment peut-on avoir un chat, je vous le demande ?
J'avoue, quant à moi, que du plus loin que je regarde en arrière(et ça commence à faire un bout de temps), j'ai toujours eu un chat. Toujours un compagnon, souvent un ami.
Celui qui prend soin de moi en ce moment, qui partage mon minuscule appartement, est un Siamois. Ça manquait à ma collection et je ne suis pas déçu !
Dès qu'il aperçoit la lumière filtrer sous la porte de ma chambre (non, il n'a pas le droit de dormir avec moi), il arrive, se frotte contre la jambe de mon pantalon, tourne, va, vient et finalement, se pose sur son derrière pour élever son regard vers moi. Un regard fixe (vous savez que les Siamois ont de très grands yeux bleus), que d'aucuns (ceux dont je parlais plus haut) trouveraient indifférents, mais qui sont en réalité pleins d'un amour sans bornes. Le même que celui que je lui porte. Je m'acquitte aussitôt de mes devoirs et, avant même de prendre ma pilule quotidienne(je ne veux pas mourir prématurément, ce qui pourtant arrivera un jour), je lui donne son repas :croquettes + haricots verts. Il mange trois grains , se retourne vers moi pour me dire qu'il n'en a pas assez, c'est à mon tour de lui expliquer que son écuelle est pleine, ce qu'il n'avait pas remarqué) et alors, notre journée commence. Nous nous mettons au travail, moi devant mon ordinateur, lui dans son panier où il va dormir jusqu'à ce soir. De l'exercice ? Non, jamais. Mon chat pèse dix kilos. Moi, beaucoup moins; (proportionnellement, s'entend !) Demain, ou un autre jour, je vous parlerai de nos soirées et de nos câlins. 
Si ça vous intéresse !

mercredi 24 février 2010

Fiction plus que réalité

Entendu ce matin sur Fr.Culture,  Jorge Semprun, (l'auteur de 'L'écriture ou la vie" 'Gallimard"dans lequel il explique pourquoi il est resté 50 ans sans pouvoir parler de ce qu'il avait vécu au camp de Buchenwald, (comme tant d'autres anciens combattants de toutes les guerres avant et après lui). 
C'est, dit-il, parce que seule la fiction  et donc, la littérature peuvent parler de ces choses;
Qu'on me pardonne de me citer (cf le n°16 du Mag sur le site "autour-des-auteurs.net) à propos du très remarquable "Des hommes "de Laurent Mauvignier (éd. deMinuit): 
"deshommes est un grand livre, la preuve que la fiction permet à quelqu’un qui n’a pas été témoin, mais qui SAIT, d’en dire plus que ceux qui ont VU mais sans rien SAVOIR."
J'en veux une nouvelle preuve, tout aussi éclatante que la précédente, avec le HHhH de Laurent Binet (éd. Grasset), jeune auteur qui a entrepris de "narrer" comment le bourreau de la Tchécoslovaquie, Reinhardt Heinrich a été assassiné le 27 février 1942 par des résistants. Encore que je doive ajouter que le propos s'accompagne ici d'une passionnante réflexion sur le fondement  même de l'entreprise : Est-ce un roman su'il faut faire, une compilation de témoignages, ce qu'on appelle un "roman historique (attention, danger) ? Tout le livre est comme vivifié par cette réflexion, que L.Binet contourne de la façon la plus intelligente, la plus "littéraire" en la rappelant très régulièrement, faisant en quelque sorte "le livre du livre". Et cela, où la "vraie fiction" n'a que peu de part -puisqu'il convient d'être absolument respectueux des faits et aussi précis que possible -, c'est de la forte et belle littérature.

mardi 23 février 2010

croyez-moi

C'est grande faiblesse que de vouloir être aimé.

jeudi 11 février 2010

Un roman français (commentaire)

Il faut être bien hardi ou bien inconscient pour oser critiquer un livre.
Ce dont je suis pourtant coutumier, au risque de m'entendre dire que je suis sévère (trop), intransigeant (trop) et sans indulgence.
Je reconnais bien volontiers mes torts, qui ne se bornent pas, hélas à la lecture des livres, mais au moins puis-je dire  que je ne prends pas pour un vrai critique littéraire, ce qui est un métier. (J'ai achevé de m'en convaincre en lisant hier la chronique que Pierre Lepape a consacrée  à un livre de MarieNdiaye 'Un temps de saison".. Là, on a affaire, c'est tout à fait évident,  à véritable "un genre littéraire".
Alors, de quel droit, petit bonhomme, je vais jouer à ça ?
Du seul droit de ma peau, à laquelle je tiens et qu'il faut bien que je défende autant que je dois la nourrir. 
Je ne dis pas que j'ai raison de laisser tomber tel ou tel livre, je me borne à dire qu'il ne m'apporte rien et qu'il y a assez de contraintes dans la vie pour que je m'exonère de celle de lire un livre qui ne m'apporte rien.
S'il s'agit de se distraire,de se soustraire un instant à la dureté du moment, bref,  de passer le temps, j'ai d'autres recours.
D'autant que les instants que je peux consacrer à la lecture  au long d'une journée sont relativement rares et fatigants. Vous l'avez compris : je lis peu, autant vaut-il que j'y regarde à deux fois ! À moins que quelqu'un, comme ce Beigbeder dont je viens de parler, ne me saisisse par la manche et me secoue pour me dire:
- Hé toi, là, arrête-toi un instant, j'ai quelque chose à te dire" !
- Moi, Monsieur, mais je ne vous connais pas et en plus...
- Un instant, mon cher; j'ai à parler de moi. C'est-à-dire de toi !

Victoires

Mais non, la télé ce n'est pas que T.F.1 et j'avoue avoir passé une bonne soirée à écouter (à voir ?) l'émission "les Victoires de la musique, regrettant l'heureux temps où l'on me donnait parfois une place gratuite pour assister aux concerts donnés dans cette superbe salle de l'Opéra Berlioz de Montpellier. Aucun disque ne remplacera en effet le contact, l'émotion, le transport qu'apportent la présence, la vue des musiciens à l'oeuvre.

On entendit certes une immense pianiste (Hélène Grimaud), un étonnant contre-ténor (Philippe Jarrousky). Il n' y eut que de belles choses, mais pourquoi l'image qui demeure dans mon esprit, quelques jours plus tard est-elle celle de l'ensemble "concert spirituel", sous la direction d'Hervé Nichet ? Un sentiment d'harmonie totale entre chaque musicien et son instrument, entre le groupe et son chef, entre celui-ci et la mesure implacable de la musique baroque, mais surtout  : ce sentiment de pénétration  qui se lisait sur tous les visages. Oui, ce soir là, la musique avait un visage. Heureux, ces musiciens !

mercredi 10 février 2010

Une toute petite pensée

Ayant passé depuis longtemps l'âge de raison, j'ai eu tout loisir de constater que le monde a bien changé.
Ainsi, lorsque j'étais jeune, tous les vieux, sans exception étaient des cons. Eh bien, aujourd'hui, c'est l'inverse ! 

Demain

C'était toujours : "demain..."
Quand je serai grand, quand j'aurai trouvé du travail, quand j'aurai trouvé une maison, quand les enfants seront grands, quand j'aurai réussi mon concours, quand je serai nommé, quand j'aurai de l'avancement, quand je gagnerai davantage, quand...
On me rendra cette justice : je n'ai jamais (pas une seule fois)dit "quand je serai à la retraite", ni "quand j'aurai quitté ma femme"..
Et pourtant, tout cela est arrivé. 

mardi 9 février 2010

Un roman français de Frédéric Beigbeder

Je n'aurais jamais, de moi-même, acheté ce livre, tombé dans mes mains au moment où je montais dans le train. 
L'auteur, trop vu, trop entendu, sa posture de bouffon médiatique -bref, tous les préjugés que je pouvais avoir m'en auraient retenu. Et puis, la vie étant courte, il faut bien choisir ses lectures avec rigueur. (Il y a tant de livres qui me tombent des mains, bien avant que j'en aie lu la moitié.
Ayant proposé deux chroniques au Mag de Autour des Auteurs (ADA) , la rédaction n'a retenu que celle que je consacrais à Laurent Mauvignier. Vous allez donc profiter des Soldes !

 

 

 

Un roman français de Frédéric Beigbeder

 

 

On peut écrire que l’expression  « vie de famille est un oxymoron », que l’on a « horreur des autobiographies trop exhibitionnistes » et parler durant 280 pages  de sa propre famille, pour la seule raison qu’on reconnaît n’être que le résultat, le produit de celle-ci.

On comprend mieux que Frédéric Beigbeder ait  tant fait (se droguer, se pipoliser, écrire aussi) pour s’extraire de cette famille puisque, pour lui, « la vie commence quand on la quitte ».

Le titre du livre paraîtra prétentieux, peut-être insultant pour certains,  mais descendre d’un haut lignage,  avoir eu un grand-père tué à la guerre et concentrer en soi deux « maux du siècle », sans compter  la recherche de la notoriété, n’est-ce pas aussi une façon d’être bien française, dès lors qu’on n’a  peur ni de se grandir ni de s’avilir ?

 

Parti pour conforter un préjugé bâti sur trop d’exhibitions, je dois  reconnaître à cet auteur une honnêteté morale et une sincérité dont chacun pourrait s’honorer. Certes, passée la première partie du livre, le récit flageole un peu et tend au ressassement (il faut bien atteindre les dimensions d’un roman), mais l’on termine comme on a commencé, touché par cette mise à nu qui est non seulement celle de tout un pan de la société française d’aujourd’hui, (allez donc voir comment se passe une  garde à vue !), mais aussi celle d’un homme qui ose, avec une discrétion dont on ne l’aurait pas crédité, dire l’amour dont il est capable aussi bien que celui qui lui a manqué. Et ce, avec le talent dont il cherchait depuis longtemps à nous convaincre.

 


lundi 8 février 2010

Nouvelles de la presse parlée

Comment ne pas s'énerver, à l'écoute réitérée (non, je ne dirai pas "récurrente"!) de ce nouveau tic langagier qui aboutit à énoncer une aberration telle que "le dispositif est en train d'être arrêté" entendu sur toutes les ondes. Je ne conteste pas que la forme progressive anglaise soit une belle commodité, mais elle ne fait pas partie de notre grammaire (pas plus ,hélas, que le "neutre" qui nous rendrait parfois bien service pour éviter, certaines féminisations ridicules).
Serait-il plus difficile de dire, par exemple, "qu'un dispositif est en cours d'élaboration"  "qu'il vient d'être mis au point" ou bien que "l'on travaille à..;"? 
En voulez-vous un(une)autre ?  Rappelons  à ceux qui causent dans le poste " que 'adjectif numéral "cent" prend un S final dès que le nombre est supérieur à l'unité. Cela nous éviterait ces pénibles "deux cent Heuros" avec deux H inspirés, qui écorchent l'oreille.
Enfin, un troisième, pour la route ?
Eh bien, voilà : QUI est mort et ce n'est pas une interrogation, c'est malheureusement une affirmation ou tout au moins une quasi-affirmation. Par crainte sans doute de "parler  vulgaire", il est de bon ton, maintenant, de parler de "ce qu'il se fait" ou de "ce qu'il reste" plutôt que de"ce qui se fait" ou de "ce qui reste". )Pauvre pronom relatif !
Je crains beaucoup que tous ces tics ne soient, hélas des tics "durables" comme tout le reste,  depuis si longtemps que "cela perdure" !
Dieu qu'il est difficile d'être simple ! Et que la mode est belle cette année !

dimanche 7 février 2010

Océans

Vu le film qui porte ce titre.De belles images, en quantité, parfois jamais vues, mais sans lien très net entre elles, contrairement au précédent "le peuple migrateur".
Beaucoup de carnages qui rappellent que la vie se nourrit de la mort. Qu'il ne peut en être autrement, aurait-ll fallu ajouter. Qu'il s'agit là d'un seul et même mouvenet qui ne cesse d'aller de l'un à l'autre, ce que le bouddhisme dit bien mieux que quiconque, évitant ainsi de tomber dans les sempiternelles oppositions Faibles/forts, Animaux utiles/animaux nuisibles, prédateurs/victimes, rapaces/ petits oiseaux, lesquelles ne font jamais que ramener l'insupportable prêchi-prêcha de la morale chrétienne occidentale. les bons d'un côté, les mauvais de l'autre, et en avant marche, au son de mon clairon comme aurait dit L.F. Céline.
Je n'ai pu, d'ailleurs, m'empêcher que la mort d'une otarie capturée par une orque me touchait plus que la dévoration - jusqu'au dernier individu - de ce banc de petits poissons tourbillonnant dans une formidable danse de mort par des congénères dont la  taille n'avait rien de monstrueux. Je soupçonne une solidarité entre mammifères !
Et que dire, alors, de notre tendresse pour les baleines, ce puissant mystère dont on ailerait savoir quand et pourquoi il a quitté le sol terrestre. Mais , qu'il soit des nôtres, cela ne saurait faire de doute.
En définitive, le fil m'a beaucoup moins impressionné que "la marche de l'empereur" dont le seul propos était de nous rappeler la toute-puissance et la nécessité de l'acte de reproduction et ce, dans les conditions les plus extrêmes, dans lesquelles n'existe plus que l'essentiel. Nécessaire rappel pour ces petites têtes que nous sommes et qui, trop souvent, oublient de penser, ce qui est pourtant un autre essentiel.
Au demeurant, qui peut rester insensible à cette démarche à la fois balbutiante et terriblement obstinée des ces drôles d'oiseaux, qui nous ressemblent tant ?
Une dernière image, enfin, extraite d'un autre documentaire animalier. C'est un immense espace vide et parfaitement plat, derrière lequel se profile au loin, une énorme montagne de glace. Soudain, apparaît sur la droite de l'écran, marchant à pas lents, tête baissée, un manchot solitaire et pensif, qui va traverser toute la scène. 
Quand la beauté suffit à la pensée. 

samedi 6 février 2010

Pourquoi

pourquoi j'ai décidé d'ouvrir ce blog ?
Un peu parce que j'aime écrire et beaucoup parce que -même si je parle de moi, et cela arrivera sans doute - c'est pour aller vers vous. 
Je vous parlerai sûrement de ce que représente l'écriture pour moi, mais je peux vous dire sans plus attendre que c'est peut-être devenu la chose la plus importante de ma vie;
Ce n'est pas un métier, cependant, même si j'ai déjà publié 6 livres - et c'est beaucoup plus qu'un passe-temps, c'est une nécessité. Pourquoi ? parce que le monde attendait que je dise comment il est fait !
Plus exactement, comment moi, je le vois. Et ça, personne ne l'avait jamais fait. 

vendredi 5 février 2010

Bienvenue

Bienvenue à tous ceux qui viendront perdre leur temps chez moi; (je n'ai pas dit "avec moi !")