lundi 10 mai 2010

pensée du jour (suite du 20 avril)

En citant J.P. Martin, j'évoquais le droit à révision de ses jugements ou de ses comportements et voilà qu'une jeune journaliste T.V. vient illustrer ce propos. Avec acharnement, elle s'escrime à démontrer que F. Mitterrand fut un fichu pétainiste, souscrivant aux objectifs de la trop fameuse "Révolution nationale" après avoir côtoyé l'extrême droite avant 1940. Soit, et je n'ai aucune envie de faire de l'ancien président un parangon d'honnêteté ou de sincérité, mais,répondant à la première, une autre journaliste est venue tout aussitôt opposer à sa consoeur le fait, non moins contestable, que Mitterrand fut après 1943 un résistant authentique. Qu'il ait caché, sinon nié ses opinions premières ne fut peut-être pas glorieux, mais qu'aurait rapporté - et à qui ?- un aveu ?
La fidélité, vertu si prisée du plus grand nombre, aurait-elle dû conduire F.M. à demeurer vichyssois et à se faire embastiller, voire fusiller en 44 ? La peine de mort serait peut-être encore en vigueur en France.

samedi 1 mai 2010

Radiophonie

Surprenante radio que "France Culture" , capable du pire comme du meilleur.
À ce titre, l'émission du matin entre 6 et 7 heures, où l'on tend le micro à ces Messieurs(oui, très peu de femme, peut-être dorment-elles encore ?) du Collège de France. Lisant leur papier -et plutôt mal, plutôt que de nous aider à nous éveiller, ils semblent s'être donné pour tâche de nous inviter à replonger sans tarder sous la couette, parlant du recrutement des janissaires de l'Empire ottoman du XIVè siècle ou de je ne sais quel autre sujet aussi lénifiant qu'abscons.
À le même heure, ce samedi matin, la place était occupée par de très jeunes spécialistes de la guerre moderne qui évoquaient les innovations que l'intrusion de la communication informatique chez les combattants apportent dans la guerre moderne. Décrivant les affres de tel chef de groupe aux prises avec "Power point" tandis que ses hommes se faisaient massacrer. Ou encore la surprise des Américains, qui, faute d'avoir prévu que la guerre contre l'Irak (première guerre du Golfe) serait si rapide, n'avaient pas su quoi faire ensuite. Je ne parle ici que des quelques bribes qui m'ont paru intelligibles, car, dans l'ensemble, si j'ai bien reconnu le vocabulaire, la syntaxe et la grammaire de la langue française, je n'ai rien compris à ce que l'on me disait.

Novelette 2

L’envol des colombes

L’envol des colombes est interdit à quiconque porte une tiare, il est temps de le dire et je ne supporterai pas que l’on m’interrompe, encore moins qu’on me pose question.
Le temps est venu, oui, le temps est venu de se taire et d’entendre ce que disent les plumes blanches qu’on a vu descendre une à une tandis que vous aviez tête baissée. Marquez-en l’emplacement et ne bougez, soyez attentifs et que le soir finissant recueille votre soupir. Qu’on en finisse avec tiares, couronnes et diamants, tous usurpés et que cessent l’attente et l’imprécation. Lourde charge que je n’ai cessé de porter, de plus en plus lourde à mesure que s’allonge le chemin, sans espoir de renoncement. Fardeau nécessaire et sans raison, faut-il le dire aussi ? En peu de mots, par exemple ceux-ci : À quoi tient la vie, sinon à rien ? Et que chacun veille, en attendant.
Celui qui avait parlé se tut et chacun des hommes assemblés s’effraya du silence qui s’abattit. Sous le poids, certains courbèrent le dos et baissèrent les yeux. L’attente serait longue. Quelques uns pensèrent à répondre et puis y renoncèrent. Le monde entrouvrait ses entrailles, il était temps de douter.
Hommes agenouillés... reprit la voix dans une exclamation qui s’éteignit aussitôt et l’on sentit l’effroi grandir dans la foule. Les hommes assemblés surent alors qu’ils étaient semblables et chacun prit conscience que c’était terrible, mais aussi qu’il suffirait pour échapper au malheur que meure celui qui leur avait parlé, qui avait osé quand tous se taisaient et qu’aucun ne connaissait.
Pourquoi ? murmura l’un d’eux à voix basse. Et son voisin répondit : Regarde nos mains. Hommes de peine nous sommes tous. Nos mains de misérables contiennent toute la vie du monde. Mains qui savent étreindre et caresser aussi bien qu’étouffer, mais qui savent aussi semer et récolter, nul seigneur n’en ferait autant.
Reprenons, dit un autre et levons la tête. On entendit en écho quelque part : C’est assez veillé en effet ! Nulle force en dehors de nous, c’est assez de mourir.
Le vent se leva, déchirant la nuée. D’un même mouvement, ils regardèrent le ciel qui était calme et vide et ils se mirent en marche.
De l’autre côté du fleuve, était une forêt dans laquelle ils entrèrent, ce qu’aucun homme avant eux n’avait fait.
Ne sommes-nous pas ici chez nous, dit celui qui y était entré le premier, mais cela fit peur et, en silence, quelques uns s’éloignèrent, profitant de l’ombre du couvert pour gagner la lisière proche où ils décidèrent de faire seuls leur chemin. On ne les revit jamais.

vendredi 30 avril 2010

la pensée du jour

L'opinion commune n'aime guère qu'on lui oppose l'expérience d'un retournement sur soi; en revanche, que des affiliés à vie persistent dans la fidélité à leur propre bêtise, cela ne semble gêner personne. (J.P. Martin in "Eloge de l'apostat"Fiction & cie Le Seuil 2010.

vendredi 23 avril 2010

Novelette 1

Départ


On n’a jamais rien su de ce qui s’est passé ce jour-là. C’est resté dans la mémoire des morts, chacun ayant gardé pour lui ce qui aurait pu se dire, afin de ne pas détruire ce qui pouvait rester d’harmonie entre eux. Impossibles à dire, les mots fussent de toute façon restés bien faibles, bien insuffisants.
La seule chose dont on puisse être sûr, c’est qu’à un certain moment, esquissant le geste de quitter sa chaise, il a dit : “ Bon, maintenant, il faut que j’y aille !” sans se lever encore toutefois, tous trois se regardant.
Encore là, mais déjà parti, sans envie véritable, mais nécessité pourtant que personne n’évoquerait - et surtout pas lui - sans aucune précision, laissant chacun imaginer à sa façon, la moins douloureuse possible, chercher une explication, un fait, une date plus ou moins lointaine que lui-même aurait oubliée si elle avait existé, qui aurait été à l’origine de tout, affronté qu’il était aujourd’hui à cette décision qui s’imposait à tous, mais qu’il ne reconnaissait déjà presque plus comme sienne. Lentement mûrie - d’autant plus solide, inexorable - pendant des années dans le silence puisque n’en pouvant parler à personne, même pas - surtout pas - à ce père dont il était pourtant si proche et maintenant que tout aurait pu se dire, chacun choisissait de se taire, la pensée n’ayant pas pris la même direction pour chacun d’eux et appelée d’ailleurs à changer dès qu’il aurait franchi la porte, à changer encore demain et à changer tous les jours qui s’ensuivraient jusqu’à ce qu’on ne reconnaisse plus rien, la douleur se faisant à la fois plus présente et moins forte et qu’il ne reste de cet instant si intense et à bien des égards si émouvant, que l’idée que l’on pourrait se faire d’une image disparue, à moins qu’ayant tout oublié de ce qui s’était exprimé au cours de ce long silence, l’un ou l’autre ne gardât en mémoire qu’une attitude, un regard vers la pendule, un geste vers le chien qui dormait à leurs pieds devant la cheminée, celui-ci ne s’attendant à rien - pas comme eux - profitant seulement de la chaleur du feu, un peu de fumée s’échappant toujours dans la pièce pour aller noircir un peu plus les grandes figurines des deux joueurs de cartes qui s’affrontaient au-dessus de la cheminée depuis de longues années, le visage de l’un, grimaçant et hurlant : “capot !”, mais sur lesquelles on ne voyait plus que les chiures de mouches vraiment trop nombreuses, bref, chacun n’ayant rien gardé de soi ou presque, seulement quelque chose venu d’un des deux autres et pas nécessairement de celui qui s’apprêtait à les quitter. C’est ça qu’il avait voulu dire tout à l’heure, que c’était l’heure, qu’il n’y pouvait plus rien, n’ayant rien décidé lui-même, que c’était une fatalité, que le temps était venu mais aussi que le temps était passé, qu’un autre temps allait commencer sitôt qu’il aurait quitté la pièce, qu’il allait se séparer d’eux - et pas seulement de l’un ou de l’autre - malgré lui, sans qu’on sache au juste où il allait, ni où il serait demain, juste que ce serait au-delà de la mer, en pays étranger, loin d’ici. Peut-être avait-il ajouté, au tout dernier moment : « Vous direz à mon frère »…, mais sans terminer sa phrase, la mère ayant aussitôt tranché : » Oui, on lui dira, ne t’inquiète pas », en ce moment où le fait d’être ensemble n’avait déjà plus aucun sens, gestes inaboutis et parole muette, lui ne le prolongeant et eux ne l’acceptant que comme une formalité parfaitement vide, mais peut-être nécessaire, pour plus tard, quand il ne serait plus là. Et que valait la promesse de revenir un jour quand l’avenir se faisait aussi impénétrable, aussi indéfinissable que ce présent auquel tous les trois se heurtaient en silence, lui regardant tour à tour son père et puis sa mère, celle-ci longuement, avec un regard qui ne disait ni une indulgence qui n’eût pas été dans l’ordre des choses ni une indécente compréhension ?

jeudi 22 avril 2010

avec ou sans S ?

À la T.V.,
200 euros se prononce "deux cent Heuros",
mais
100 euros, se prononce "sans euros". (on fait la liaison !)
Porquoa ? comme disait Grocq, jadis ?

mea culpa

Je présente mes excuses à ceux de mes lecteurs qui m'ont fait remarquer que pour bien critiquer, il vaut mieux être exempt soi-même de trop de relâchements, d'à peu-près et de fautes de français et de frappe). Soit. Je promets de faire plus attention, tout en essayant de garder un peu de la vivacité et de la spontanéité de mon "ressenti". (Moi aussi, je sais jargonner !)

Science sans conscience

Cette sentence a été bien oubliée, telle est la leçon que l'on peut tirer de l'article publié par Marc Dufumier dans "Télérama"n°3144 du 17 au 23 avril, déjà commenté ici. Précisons que l'auteur n' a rien d'un quelconque "baba" : il est le successeur de René Dumont à la chaire "Agronomie comparée et développement" de l'I.N.A. Paris-Grignon, formateur de nos futures élites agronomiques.
Dufumier a beau jeu de rappeler les dégâts de l'agriculture intensive : pollutions généralisées, gaspillage et dégradation des ressources en eau, moindre qualité des produits, appauvrissement des sols (absence de restitution de la matière organique, abus de pesticides et d'engrais, labours trop profonds,etc), tout ceci pour aboutir à la désertification des campagnes et à la ruine d'innombrables exploitations agricoles ( plus de1,5million ont disparu en 40 ans). Tout ceci pour le bénéfice exclusif de quelques grands céréaliers et sucriers du Bassin Parisien, gavés des subventions de Bruxelles, de ce qu'on appelle l'agro-industrie et la grande distribution.
Un exemple ? Citons Dufumier : " Quand on veut faire épiler des canards par des robots, il faut que les canards naissent tous identiques,donc clonés, il leur faut la même alimentation, qu'ils soient apportés le même jour à l'abattoir qui ne peut les traiter que d'une seule et même façon".
Nous avons été les témoins, durant ces "Trente Glorieuses" (pas si glorieuses que ça, finalement) de l'application avec laquelle les chercheurs se sont efforcés, chacun dans son secteur et sans aucun état d'âme, d'atteindre des objectifs soigneusement cachés par ceux qui se proposaient d'en profiter.
Grâce aux travaux des zootechniciens, par exemple, on a élevé la production moyenne d'une vache (qui allait de 1000 à 3 ou 4000 kg de lait par an avant guerre à plus de 10 000kg aujourd'hui. En contrepartie, ce lait est pauvre, sans goût, traité (et maltraité de mille façons) et l'éleveur, qui, avec 100 ou 150 vaches, gagne moins que le S.M.I.C. a endetté sa famille pour des générations. Mais Nestlé se porte bien.
Autre incidente : quand le bon sens paysan (la Pratique, Monsieur !) avait, au fil des siècles, réussi à "fabriquer" la race la mieux adaptée au climat et aux aux ressources locales - c'est-à- dire, en fait, la plus "productive" pour lui, on en est arrivé à imposer partout le même "modèle d'animal" auquel on demande la plus forte croissance (production de viande), au détriment de sa rusticité (aptitude à supporter des conditions de pénurie), le même modèle d'habitat, bref, à produire plus cher partout. Dans les années 60, on appelait ça "le Progrès Technique".
Dans le même temps, les brebis du nord de l'Ecosse, n'ont jamais vu une bergerie), ce qui permet à l'agneau britannique d'être moins cher que le nôtre. Et ne parlons pas de l'agneau néo-zélandais (qui ne mange que de l'herbe et passe sa vie en plein air... mais qu'il faut,il est vrai congeler et transporter à grands frais d'énergie depuis les antipodes).

Tout cela, parce que pendant trop longtemps, la Recherche a refusé qu'on essaye d'aborder les problèmes d'un point de vue plus global, tant soit peu synthétique et qu'on se préoccupe de ce que les militaires appellent maintenant sans vergogne "les dégâts collatéraux". Dans ces conditions, rendons hommage à la lucidité (et au courage) de ce chercheur-professeur que le "modèle unique" préoccupe au plus haut point et qui ne voit d'autre avenir pour ceux qu'on n'ose plus appeler "paysans" (ils ont tellement revendiqué d'être, eux aussi, des "producteurs" !)que dans une élévation de la qualité de leurs produits et dans la diversité des productions. À supposer que ce soit maintenant l'aspiration d'un ombre croissant de consommateurs, sinon celle de Mac Do.
Discours de chevelu, d'écolo ? Propos politique ? Assurément.

mardi 20 avril 2010

perles n°3,4,et autres

Je salue l'entrée - pas très discrète , mais bien installée-dans le vocabulaire officiel courant, des adjectifs qualificatifs "récurrent, drastique" et des verbes "démarrer, "débuter" et "perdurer" (ah! celui-ci, il est beau !) en me demandant comment on avait pu se passer jusqu'alors de ces mots.
Je salue aussi l'innovation phonétique du verbe "sculpeter" proposée hier à la T.V par Mme Béatrice Shoemberg (émission "les toqués du chocolat"; À tout hasard, je lui rappelle l'indication phonétique du Petit Robert, qui recommande de prononcer :"skylte", sans oser espérer cependant qu'elle laisse tomber ce "pt" plutôt inconvenant.

mysoginie orthographique

Oh ! Monsieur le Premier ministre ! Pas vous !
Hier, au "Grand journal "de Canal+ vers 20H15 Monsieur E.Balladur a déclaré avec l'air sérieux (et même un peu plus que ça) qui suffit à le distinguer parmi les grenouilles du marais politique, ,que "quand à la réponse que je vous ai FAIT " ...élidant délibérément le "e" que j'attendais.
Une fois de plus, vous m'avez déçu.

lundi 19 avril 2010

La paix

Jean Daniel, fondateur du Nouvel Obs., homme et journaliste estimable explique à la T.V. (émission "Empreintes") que si tous les peuples veulent la paix, en réalité, c'est la sienne propre que chacun veut.Ce qui explique toutes les guerres.( Sans doute est-ce valable pour les humains entre aux au stade individuel).en est-il de même pour chacun de nous.
C'était dit avec un tel sérieux et une telle conviction que je suis promis de faire mon profit de cette sentence... jusqu'au moment où il m'a semblé que cette porte qu'on enfonçait était déjà plus que largement ouverte.
Retour au statu quo ante : problème sans solution.

jeudi 15 avril 2010

chats et chattes

Mon chat est un animal insignifiant et sans intérêt qui passe son temps à dormir, puisqu'il n'a plus le droit de rêver aux filles. (À moins que..;)Il m'aime à sa façon et je fais de même. Passons.
Je préfère parler de tous ses semblables qui ont eu la chance de conserver leurs "dignités" et qui parcourent des kilomètres, bravant tous les dangers (voitures, chiens, humains agressifs) pour assurer leur devoir de reproduction. Nous, les mâles humains, ne sommes-nous pas capables, comme eux, de nous exposer à tous les risques, à toutes les humiliations pour répondre à l'appel du désir et du sexe ? (philosophie à 3,75)
Plus intéressant me paraît l'exemple des chattes, leurs femelles, en matière d'éducation.
Combien de familles se porteraient mieux si la mère avait su, l'allaitement terminé (je veux dire vers la fin de l'adolescence), repousser leur chaton garçon ou fille à coups de griffe, pour enfin le rendre autonome. Un peu dur au début, mais tellement bénéfique pour la suite ! (même constat que plus haut).

mercredi 14 avril 2010

Je recommande

... la lecture dans le dernier numéro de "Télérama" d'un article intitulé "le monde paysan est-il condamné ?"
Son auteur est un agronome qui s'appelle Dufumier et qui - le croiriez-vous ?- entre mille remarques intelligentes, déplore que le fumier (et le jus qui va avec, qu'on appelle le lisier" soit répandu en excès en Bretagne, quand, dans toutes les régions céréalières, on a cessé d'en utiliser !
(Dans les deux cas, alerte pour l'avenir de la terre.)
Je me contente d'ajouter que Marc,Dufumier est chercheur à l'INRA, qu'il n'est pas sans courage de s'exprimer aussi librement. Il est vrai qu'il est aussi un des acteurs du fameux "Grenelle de l'Environnement. ", déjà bien oublié.
Pour ceux qui ne connaissent pas mon passé de paysan puis d'agronome et qui ne sauraient pas que je me reconnais quelques droits à traiter de ce sujet, je me propose de commenter plus longuement bientôt ce que nous dit cet homme.

Allègrement

Avant-hier, un froid de canard à Montpellier. Normal, on était en hiver.
Aujourd'hui, une chaleur estivale et menace d'orage.
Ah ! ce réchauffement climatique !

Perle n°2

Le salut de la vesprée ;" Bonsoir !" se dit désormais "Bonne soirée !" Bon, ça change et c'est correct, mais j'aime moins quand on me dit "Arouahh" ! pour "Au revoir".

Perle n° 1

Vous trouverez désormais cette rubrique (qui devrait devenir régulière) que j'entends consacrer aux fautes de langage entendues à la radio ou à la télé. Manque d'imagination ? Assurément ? Originalité ? Non plus. Alors ? Rien. Sinon que ça m'agace et que ça me soulagera peut-être de partager cet agacement avec vous !
À tout seigneur, tout honneur. Voici ce qu'a lâché hier , Mossieu Jean-Pierre Raffarin à la T.V. (de mémoire) : Face à cet inconvénient qui sont les risques, etc." Il voulait sans doute dire QUE sont les risques.

vendredi 9 avril 2010

Décisions

J'ai essayé de gouverner ma vie, comme on dit.
Et me voici obligé de constater que la plupart des décisions que j'avais prises étaient mauvaises. Du moins est-ce ce que je conclus au vu des résultats.
Il y a longtemps que je soupçonne que plus que la décision elle-même, ce sont ses effets qu'il faut gérer. Admettre que tout se paye et que, si cela va mal, c'est qu'on a fait - à un moment ou à un autre - fait ce qu'il fallait pour que ça aille mal.
Autant dire qu'il vaut autant laisser la vie faire elle-même ses choix, rester calme et attendre que la roue tourne puisqu'il est avéré qu'elle ne saurait rester immobile. Roue du Dharma des bouddhistes, lesquels ont, je crois, compris beaucoup plus de choses que notre Occident chrétien, bardé d'une morale cléricale, assoiffée de puissance et finalement dévastatrice.

lundi 5 avril 2010

Silence

Que personne ne m'en veuille d'avoir laissé ce blog au repos pendant une dizaine de jours. Ce silence a résulté d'une explosion de mon disque dur (laquelle a entraîné au passage la perte de toutes mes données non préservées et, entre autres, de mon carnet d'adresses.)
Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous m'avez manqué !

Vous me faites suaire

Ce n'est pas que le mystère de ce qu'on appelle "le suaire de Turin" me préoccupe. Loin de là, ça me passerait plutôt comme un courant d'air sous les bras, mais, ne serait-ce que pour montrer mon ouverture d'esprit, j'ai voulu voir à la T.V. le résultat annoncé des nouvelles recherches. Après tout, entre la vie sentimentale de Johnny, celle de notre président et les rugissements de Monsieur Frédéric Lefèvre, s'il faut choisir...
`Je vous assure que j'ai suivi avec beaucoup d'assiduité et d'attention, bien décidé à connaître la vérité qu'enfin on allait nous révéler.
Pour l'essentiel, j'ai retenu que cette pièce de lin, datée de... (là, je ne sais plus trop) a reçu - je crois que c'était entre 1460 et 1490 - là, vous voyez que j'ai bien écouté - un rajout qui, après avoir été  dûment , analysé, authentifié - microscope électronique et datation au carbone 14 à l'appui - a pu être certifié comme étant du pur coton,  de celui qui poussait précisément à ...(là, je ne sais plus). De ce rajout (qu'en occitan, on appelle  un "petas" ( restez au masculin, svp), les scientifiques ont eu la permission de prélever une minuscule partie du drap pour approfondir leurs recherches, grâce à la grand bonne volonté de notre sainte mère l'église (je ne mets pas de majuscules, ça va plus vite). Grâce à la généreuse compréhension du propriétaire,  la communauté scientifique a pu partager ce tout petit bout en 4 plus petits morceaux afin de poursuivre les analyses en 4 laboratoires différents, ce qui témoigne d'une parfaite garantie de sérieux et d'objectivité. Enfin, on allait savoir ! Silence dans les rangs !
Hélas, tous ces travaux ont permis de faire apparaître des choses qu'on n'avait jamais vues et qui seraient, à côté de gouttes de sang dûment certifiées, des gouttes de sérum. Etonnant, non ? Et puis de nous dire que l'image qui apparaît sur le tissu est un positif et non un négatif, comme on aurait pu s'y attendre. Vlan ! nous voilà avec un mystère de plus sur les bras !
Autrement dit - et ce sera la conclusion du documentaire (diffusé sur une chaîne publique), plus on pose de questions, plus il en apparaît de nouvelles !!!
Comme si ce n'était pas  le propre des mystères, de se nourrir d'eux-mêmes ? 
J'oubliais de vous donner les résultats de l'analyse des quatre ou cinq fibres de coton extraites du "petas", qui sont que, finalement, elles ne datent peut-être pas du XVème siècle Alors ? 
La suite au prochain numéro,car il y en aura sûrement bientôt un autre.
Peut-être que, vers la fin, mon attention s'est un peu relâchée, mais ce que j'ai retenu de plus assuré, pour ma part, c'est que le processus de datation au Carbone 14 consiste à compter les atomes un par un, à la façon dont on compte les poissons qui franchissent une échelle à saumons. Et ça, je suis bien content de l'avoir appris !

mercredi 31 mars 2010

les boutons de la T.V.

Quelques boutons suffisent pour alimenter les discussions, les débats et pour fournir toutes les informations souhaitables dans un domaine particulier. Le fabricant de programmes n'a qu'à appuyer sur le bon bouton et, par chance pour lui, ces boutons sont peu nombreux.
C'est ainsi que, pendant longtemps, si l'on voulait parler "volcans", il suffisait de cliquer sur "Haroun Tazieff". Planqué, sans doute derrière un meuble du studio, l'homme de l'art apparaissait aussitôt et délivrait son message. Et puis, ce qui devait arriver est arrivé : Haroun  est mort. On ne parle plus "volcans" à la télé.
Un conseil de cuisine ? Rien de plus facile, on appuie sur Coffe et tac, le gros joufflu arrive aussi sec. (Il a dû faire la peau dans les coulisses à la grosse Maïté; on aura remarqué que l'embonpoint est un signe extérieur de sérieux en ce domaine.
Le bouton "Coffe" est d'ailleurs plus performant qu'il y paraissait au premier abord : vous tapez "jardin" et c'est encore lui qui apparaît. Il suffit de changer la couleur des lunettes, grosses elles aussi.
Depuis quelque temps - et ce n'était pas du luxe, étant donné le contexte - un nouveau bouton est apparu pour faire le point sur tout problème de délinquance, justice,etc. Il s'appelle Bilger. On dit que c'est un magistrat important et l'on ne sait pas trop comment il peut être, si l'on ose dire, juge et partie, quoiqu'il en soit, le voici promu au rang de Coffe des tribunaux. C'est de ce poste (sûrement élevé) qu'il a pu constater que les arabes et les noirs délinquent beaucoup plus souvent que les Blancs (je mets une majuscule à tout hasard), ce qu'avait déjà signalé, malgré sa taille surbaissée,  le "petit"  Zemmour, lequel attend encore -mais pas pour longtemps - sa promotion de premier Bouton.

lundi 22 mars 2010

Trouver le ton

Ecrire. Les premiers mots sont tombés sur le papier. Ils sonnent juste. Il ne reste qu'à continuer. À la première relecture, pourtant, la déception s'impose. Cela ne vaut rien.Il faut recommencer. On réécrit. Le lendemain, la déception sera tout aussi forte et l'on effacera ce qu'on avait fait, , sauf la toute première phrase, "qui tient". Les réécritures vont se succéder - il faut dire que c'est toujours un moment agréable - mais le texte, tel un âne têtu (j'aime beaucoup les ânes), refuse d'avancer. Ou alors, il prend des chemins de traverse, s'égare, recule, revient, s'arrête pour grignoter quelques chardons, consent à repartir sous le coup de badine et finalement se plante sur ses quatre sabots. Franc comme un âne qui recule ! Non, je n'irai pas plus loin aujourd'hui ! M'enfin ? Tu veux encore un coup de badine sur la croix noire de ton échine ? Souviens-toi, pourtant...
Voilà une semaine, deux, que l'on a commencé ce texte ? Mais, non, c'était l'été dernier, et ça partait bien, je me souviens que tu étais plein d'entrain et plein de confiance. Je t'avais même trouvé un peu trop sûr de toi. Je t'en prie, reprenons-nous. Reprenons ce texte, dont on sait déjà qu'il sera important ans ta vie. C'est l'histoire de Jean B., ce vieux copain qui eut un destin fabuleux, parfaitement imprévisible, qui parcourut le monde sans l'avoir voulu, accumula les plus étonnants souvenirs et puis , plein d'âge et de raison, revint entre ses parents vivre le reste de son âge. Je lui avais promis de l'écrire, je crois qu'il en avait été heureux. Pauvre Jean !
Moi qui ai tellement envié la vie qu'il avait eue (ça, ce n'est peut-être qu'un mensonge, parce que sa vie fut parfois horrible), me voici incapable d'aligner cinq paragraphes convenables.
J'en aurais honte, je serais découragé, j'irais plutôt me promener, aller à la pêche et je renoncerais volontiers à un projet si ambitieux qu'il me dépasse, si...
Si je ne me souvenais de cette réflexion de Julien Gracq qui abandonna son roman La route, en cours d'écriture parce qu'il estima n'avoir jamais trouvé le ton qui lui aurait permis d'aller plus loin.
Moralité : regardons de plus près ce qu'ont fait les autres. Tout écrivain n'est -dans le meilleur des cas - que celui qui s'est trouvé des ancêtres, au besoin parmi ses contemporains.
Alors, lisons !

dimanche 21 mars 2010

Sortir du cercle

Ce n'est pas un hasard si les planètes se meuvent en cercle, et si la pierre qui s'en détache s'en éloigne inexorablement, emportée par la force centrifuge. Pareil à la météorite arrachée à une planète, je suis sorti du cercle, et aujourd'hui encore, je n'en finis pas de tomber. Il y a des gens auxquels il est donné de mourir dans le tournoiement et il y en a d'autres qui s'écrasent au terme de la chute. Et ces autres (dont je suis), gardent toujours en eux comme une timide nostalgie de la ronde perdue, parce que nous sommes tous les habitants d'un univers où toute chose tourne en cercle.

M.Kundera "Le livre du rire et de l'oubli" éd.folio

samedi 20 mars 2010

une définition de la vieillesse

Cet homme a égorgé des poulets, saigné, puis dépouillé des lapins, cassé les reins de maintes truites, noyé des chatons, il lui est même arrivé d'en fracasser sur le bout de sa chaussure.
Tout cela sans trop d'émotion, simplement parce qu'il fallait le faire.
Aujourd'hui qu'il est vieux, il lui arrive de ramasser un escargot perdu sur le goudron pour aller le remettre dans la pelouse la plus proche. Manger du lapin ou du poisson le met mal à l'aise et si son chemin croise celui d'une file de fourmis, il se garde d'en écraser quelqu'une. Il va consoler le chien que ses maîtres ont attaché pour la journée et qui pleure. Le chien le remercie.

N.B. je ne dis pas que ce soit LA définition de la vieillesse. C'en est UNE , sans plus.

vendredi 19 mars 2010

Sérénité ?

Vient un moment où l'on n'a plus d'autre choix que la sagesse. Ce qui n'est pas naturel.

mercredi 17 mars 2010

Pérou

Les escaliers d’Ollentaitambo

L’insomnie s’est faite malgré moi. Je l’ai aimée comme ces hauts monts émergés de la brume tôt le matin. Le matin, sans dormir - dormirai-je bientôt ? - est-il nécessaire que je dorme, maintenant que j’aime cette veille si tard venue ?

Lima, Pérou, ce soir on m’a parlé de vous. Et moi, je voudrais vous parler d’Ica, d’Arequipa, Ayacucho et aussi de Cuzco et de l’Urubamba, du petit train tortueux plein de poulets qui suivent leurs Indiens, d’un conducteur qui me ressemble, de touristes qui ne ressemblent à rien, à moi si vous voulez mais je ne voudrais pas. Pourquoi partir et surtout pourquoi ne pas rester ? Un jour, vraiment, je ferai le compte de tout ce que de ce que j’aurais dû faire, que je n’ai pas fait, pourquoi ?

Loufiat sidéral, infrangible tumulte, c’est ce que je leur ai dit. Sans rire, mais ils ont ri et j’en ai été heureux,gardant pour moi le tumulte boueux du fleuve filant vers l’Amazone – mais que faisais-je en ce lieu ?

Ô pourquoi n’as-tu pas davantage d’imagination, toi qui ne sais voir que ce qui est, et bien peu à la fois ? À moi les mots que j’attends, les mots qui me feront, les phrases qui me surprendront.

Trève. Je t’en prie, ne parle plus, tu ne sais rien. La vie, peut-être, tant qu’un peu d’air traversera ta bouche, tes poumons, ne jamais mourir noyé ni repu.

Trêve encore, je ne suis pas ennuyé, impatient encore, juste comme je le voulais.

Longuement s’arrêter, longuement, laissez-moi me reposer, je ne retournerai jamais à Ollentaitambo. Je ne ferai que revenir à l’endroit où je suis né pour le quitter encore une fois encore vers le pays où je finirai, où je serai attendu, du moins, je le crois, depuis que je sais comment les choses se font, les petites choses qui me font moi et pas un autre, moi unique et infime, mais unique auquel je me suis habitué. Pour goûter une paix convenue à partager.`

Le fleuve Urubamba, terrifiant de fureur et ses oiseaux inconnus, perchés sur des rochers émergés, arbres, inattendus, mousses, lichens ses mousses et ses lichens suspendus comme des fleurs de rocher, le tropique tout proche, que je ne verrai pas.

Cuzco, nombril du monde, que j’ai vu, dans lequel je suis entré, pas besoin de long temps pour aimer mais il faudrait comprendre.

Ollentaitambo, dont je me souviens.

Dernier combat, où le dernier Inca fut égorgé, forteresse abolie, escaliers de sang sur lesquels nous sommes tous morts.

Ô Conquistadores. Qu’avez-vous fait ?

Lacunes grammaticales

Je ne veux pas parler des lacunes que nous avons tous, mais de celles de notre grammaire française elle-même.
La première : l'absence du "neutre" , qui limite gravement le nombre de nos genres à deux : masculin, féminin. Certes, ce sont les principaux et l'on ne saurait faire sans eux, mais quand je vois les contorsions, ridicules et souvent douloureuses auxquelles on s'astreint pour parler d'une auteure ou écrivaine, je regrette le neutre allemand : das, aussi bien, et souvent mieux que der ou die. Cette féminisation militante ne me paraît en effet pas moins offensante pour notre vieille langue que ne l'est la non-reconnaissance du rôle des femmes dans la société. Je vois là comme un faux débat, une petite querelle masquant un vrai combat.
Second manque : celui d'une forme progressive à l'anglaise: I'm coming que les profs de collège traduisent par "je suis en train d'arriver", ce qui nous vaut en retour cette formule qui fkleurit depuis quelques temps chez les présentateurs de télévision : Les digues de Vendée sont en train d'être reconstruites plutôt que "les digues sont en cours de reconstruction" ou bien ce savoureux : "les travaux sont en train d'être arrêtés".
N'oublions pas que les voix qui sortent de la boite et les mots qui se lisent sur les enseignes sont les instituteurs tout-puissants de notre époque.

mardi 16 mars 2010

Pêche en l'étang de Bon Rencontre

Quoi de plus beau, de plus calme, que la surface d'un étang sous le voile d'une légère brume matinale ? Nénuphars, typhas, roseaux, longues herbes noyées. Un martin-pêcheur parfois, entr'aperçu, qui file au ras-de-l'eau.
Et qui de plus paisible que le pêcheur qui vient d'amarrer son bateau à deux mètres du bord, refusant toute velléité de départ, toute dérive, n'attendant d'autre surprise que celles venant du fond de l'étang., qui fleuriront ce soir le fond d'un panier d'osier.
Ici, point de bottes guerrières grimpant à mi-jambe, de mouches artificielles, de moulinets savants. La pêche en étang est simple. Et plutôt reposante. On n'y poursuit aucun gibier, aucune proie. L'infime ver de mouche ou un grain de blé cuit suffisent à garnir l'hameçon. Toute la science du pêcheur se borne à ménager une longueur de fil telle que l'appât se trouve à portée de la bouche du poisson. En surface, si l'on veut une ablette, à mi-profondeur si l'on préfère le gardon, tout au fond du lit de la rivière si l'on espère une carpe ou une brême, rudes combattants à la chair par trop médiocre.
La plume s'incline à peine, le poisson ne fait que goûter du bout des lèvres, suce à peine le ver, c'est une ablette seule. Elle n'a voulu que visiter votre profil sur l'écran lumineux du ciel. Reviendra-t-elle ? Rien de sûr. Huit jours plus tard, peut-être. Peut-être jamais. Il n'est pas nécessaire de répondre. Patienter. Voir venir. Au moment de la Saint Valentin, les ablettes reviendront en foule, suceront le ver à tour de rôle, puis repartiront comme autant d'éclairs argentés, du moins l'imagine-t-on. Et ce sera le désert jusqu'à la fête des grands-mères.
Il ne se sera rien passé.
Mais cette fois, l'attaque est franche, nette, la plume s'est enfoncée de vingt centimètres sous l'eau sans qu'on n'ait rien vu venir. C'est un gardon qui, honnêtement, clairement, avoue avoir flashé sur votre grain de blé cuit. Il faut lui répondre. Bon poisson, bon compagnon, bonne friture. La politesse est de le ferrer vivement, promptement. Pour le voir de plus près. L'avenir fera le reste.
La pêche s'arrête à midi. Les poissons font la sieste. Du fond de la barque où il somnole, le pêcheur entend les bulles venant du fond des eaux qui éclatent doucement à la surface. Il entr'aperçoit le vol erratique de la libellule bleue et celui, furtif et vigoureux du pipit farlouse, partant se perdre dans la roselière.
La vie reprendra en fin d'après-midi et ce sera un grand moment lorsque l'on verra la plume s'enfoncer et fuir loin , très loin du bateau. Petite ou grosse, sûre d'elle, vaillante, la carpe attaque toujours de la même façon. Gourmande, elle a engamé puis avalé définitivement le ver ou le grain et parcouru d'infinies et lointaines circonvolutions pour fuir l'homme, avant de reconnaître sa défaite. Prudent, attentif - respectueux, pourrait-on dire - il convient que l'homme accorde à sa prisonnière toute la longueur de fil nécessaire, sachant que toute précipitation, toute violence ne conduirait qu'à briser le fil qui les unit : risque mortel pour l'une, regret inguérissable pour l'autre. Jusqu'à ce que, fatiguée, vaincue par son propre désir, la carpe consente enfin à revenir près de la barque. Le pêcheur la couchera alors dans l'épuisette et, lentement, tendrement, il travaillera à retirer l'hameçon. Selon l'adresse et la patience qu'il y mettra, ce sera la mort ou une autre vie qui commencera.


dimanche 14 mars 2010

Une chute

Le mot est tombé. Je l'ai entendu tomber et atteindre le fond d'un trou qui était en moi, que j'ignorais. Cela fut à la fois soudain et bruyant, bien que je n'aie entendu que le choc final, quand le mot eut touché le fond.
D'ordinaire, la pierre que le passant s'amuse à jeter dans l'anfractuosité d'une faille en montagne ne file pas droit, elle rebondit sur une première saillie du rocher, puis sur une autre, avec un bruit sourd à chaque fois, si bien que l'on pourrait dessiner sa trajectoire à l'oreille. Trajectoire et profondeur de la chute.
Là, ce fut direct. Profond, cependant. Aussi direct que profond.
Seul. Rester seul, avoir peur d'être seul, peu importe ce qu'on m'a dit. Je ne m'attendais à rien, c'est tout. Ce mot, je le connaissais, pour l'avoir vu passer, de loin, s'adressant à quelque inconnu, jamais à moi. Autant dire que je ne le connaissais pas, non plus que l'univers qui l'entoure et le justifie. Solitude.
Je n'avais jamais eu peur, me semblait-il, de la solitude et voilà qu'en un instant si court qu'on n'aurait pu le mesurer, le mot avait traversé mes profondeurs les plus intimes. Tout de suite, le bruit, la résonance me parurent être d'une extrême importance, mais tout comme la pierre au fond de la faille, ma pensée s'est arrêtée net. Sèchement, sans provoquer le moindre écho. Ce serait donc pour plus tard. Sur l'instant, il ne fallait retenir que le vertige de cette chute et la surprise absolue qui en avait résulté.

Il y aura

Il y aura

Il y aura Delphes,

Les oliviers que j’ai vus,

Léonidas entre les colonnes du temple,

Une photo de l’ami que j’ai perdu,

Il y aura cette fuite éperdue

Vers l’Orient inévitable,

Saint Jean d’Acre et Salah ed Din, le guerrier sage,

Ensemble nous abattrons la citadelle,

Sous la tente on apportera

Le sorbet à la glace du Mont Liban

Et, fuyant le Saint Sépulcre,

Effroyable malentendu,

Nous soulèverons la poussière de la steppe.

Il y aura Samarcande et ses céréramiques bleues,

Le pilote en guenilles d’une felouque

Et cet enfant qui remonte le courant du fleuve

Ramant de ses mains dans une caisse

Devant Edfou pour quelqu’aumône,

Une multitude d’êtres humains

Sortant de sommeils millénaires

qui me reconnaîtront pour un des leurs.

Il y aura Don Quichotte en son implacable Castille,

Source de notre parole

Et puis la mer Egée sans aucun nautonier,

Ulysse dérivant vers Ithaque sans voile,

Rien qu’Irène Papas dans sa robe de deuil

Blanche.

Il y aura un enfant penché

Au-dessus d’un pont sur la Loire

Cherchant le souvenir d’une ombre passante

Et d’autres eaux encore, plus pures et plus noires

Il y aura la Pointe du Raz, toujours imaginée,

Tout un hiver de tempête désolant les pêcheurs

Attendant que le vent cesse,

Une île battue d’écume et de mort.

Il y aura la gloire des jardins au printemps,

Quelques aquarelles

Et la Sainte Victoire qu’on voit depuis

L’aire stationnement d’Aix-Ouest,

Le Grand rocher rouge et La route de Sommières

Tels qu’ils les ont vus l’un et l’autre.

Il y aura toutes les femmes

Que je n’ai pas su aimer

Quand elles s’offraient

Et les enfants auxquels je n’ai pas su parler.

Il y aura un très vieil homme

Qui m’a parlé d’au-delà

Un jour que j’étais comme lui très vieux

Et très vivant

Et nous avons secoué tendrement des morts

Qui, l’un après l’autre hochaient la tête

En souriant tristement, lèvres closes,

Sachant qu’ils entendaient tout

Ce que nous disions.

jeudi 11 mars 2010

Poésie, une définition

Je crois la trouver dans ces quelques lignes de Claude Esteban (1935-2006).  :

"Ce n'était rien pourtant qu'un fragile tissu de mots, de mots précaires -mais ils ne cédaient plus sous la poussée des autres mots de chaque jour. Quelque chose vibrait en eux, s'accroissait, s'animait de présence, comme s'ils s'étaient nourris en moi d'une sève secrète, d'une chair très profonde que je ne connaissais pas". 
Et, plus loin :
"Ce lieu hors de tout lieu".
(écrit en 1959, propos rapportés par r Thierry Guichard dans "Le matricule des anges"n°73 mai 2006).

Ça, de la poésie ?

 

PLAGE

 

 

 

 

Ce sont deux enfants. Ils marchent sur le sable qui longe la mer, si calme aujourd’hui et chacun veille à marcher du même pas que l’autre, jambe contre jambe, pour éprouver plus charnellement le plaisir d’être ensemble.

C’est la morte saison et ils sont seuls. Seuls et amoureux.

Elle est plus petite que lui et tout en marchant il garde sans effort sa tête à elle au creux de son épaule. Il parle et elle l’écoute. Elle répond et il comprend tout ce qu’elle dit. Ils s’entendent.

Ce qui leur est arrivé leur paraît à la fois si beau et si naturel qu’ils prennent ça pour un dû, quelque chose à quoi ils avaient droit et qui ne leur avait été refusé jusqu’alors que pour une raison obscure mais assurément injuste, trop injuste. Quelque chose de raisonnable, tout simplement.

Ils ne garderont aucun souvenir de ce qu’ils disaient ce jour-là, mais seulement celui du bruit de la vague lointaine et mourante, de la douceur infinie de l’air, de son silence inhabité.

Ont-ils au moins quelque projet d’avenir, ou bien l’intimité de cet instant limité leur suffit-elle ? Ont-ils même besoin d’imaginer quoi que ce soit, puisque le présent est toute leur vie, ce qu’ils savent bien ? De toute leur force, ils sont attentifs à sculpter ce présent dont ils sont  le fruit autant que le modèle, à lui donner forme palpable et douceur tangible.

Quel âge ont-ils ? Quinze ans, vingt ans, Quarante, soixante ? Cela n’a pas de sens, plus de sens.

Ils ne reviendront jamais ici ensemble mais aujourd’hui, ils ne le savent pas. Ils n’ont fait que se chercher avec application, se trouver, et c’était pour venir marcher sur cette plage, pour vivre cet instant.

 

 

 

 

Un poète

 Tout petit écrivain (écrivaillon ?) que le sois, je suis bien conscient que la poésie est la forme la plus élaborée de l'écriture, malgré les limites qui sont les miennes en ce domaine : je me sensen effet  plus proche de Villon, de La Fontaine, de Rimbaud, Desnos, Aragon (parfois) et même de Charles Trenet (mais oui) que de ces "Grands poètes" que sont réputés être P.Claudel, René Char et Saint John Perse.
 Fort de ces précautions oratoires, je vais maintenant, sans autre précaution, vous dire, après Laurent Binet (auteur de "HHhH") que je tiens Monsieur Alexis Léger (alias St John Perse) pour un fieffé salaud.  Je sais bien que l'esprit diplomatique, tout comme l'esprit militaire, n'est qu'une perversion de l'esprit humain, mais tout de même...Poète et salaud ?..
Voici ce que rapporte à son sujet L.Binet.
"Alexis Léger accompagne Daladier à Munich en tant que secrétaire général du Quai d'Orsay. Pacifiste jusqu'auboutiste, il a oeuvré sans relâche pour convaincre le président du Conseil français de céder à toutes les exigences allemandes. Il est présent quand on fait entrer les représentants tchèques afin de les informer de leur sort, douze heures après la signature de l'accord décidé sans eux.
Hitler et Mussolini sont déjà partis, Chamberlain baille ostensiblement et Daladier dissimule mal sa nervosité derrière une hauteur embarrassée. Lorsque les Tchèques anéantis demandent si on attend de leur gouvernement une réponse ou une déclaration quelconque, il est possible que ce soit la honte qui lui ôte la parole (que ne l'a-t-elle étouffé, lui et les autres !). C'est donc son collaborateur qui se charge de répondre avec une arrogance et une désinvolture que le ministre tchèque des Affaires étrangères, a commentées par la suite d'une remarque laconique sur laquelle nous devrions tous méditer :"C'est un Français".
...
"Aux portes de son hôtel à Munich, un journaliste l'interroge :
-Mais enfin, Monsieur l'Ambassadeur, c'est quand même un soulagement, non ?
Silence. Puis le secrétaire du Quai d'Orsay soupire :
-Ah oui, un soulagement...comme lorsqu'on a fait dans sa culotte"
Je n'irai pas jusqu'à dire que la poésie de ce monsieur sent la merde, puisque que je me sens dans le même temps obligé de respecter MALGRE TOUT L.F. Céline, mais avouez que cela pose problème. L'un comme l'autre ont envoyé quantité de gens à la mort et ils ont pourri l'adolescence d'un ado qui portait mon nom, alors, que ce soit excessive  rigueur ou fermeture d'esprit, j'ai du mal avec ces gens-là, d'autant que je demeure convaincu qu'on ne peut pas écrire sans se sentir tant soit peu responsable de ce qu'on dit.
Amis, qu'en pensez-vous ? Dites-moi...




Vous me direz que L.F. Céline, qui mérite toute notre admiration, s'est conduit, lui aussi, mutatis mutandis, "comme une grosse merde" et même pire encore.

lundi 8 mars 2010

La mémoire et l'Histoire

   La rafle du Vél. d'hiv (16 juillet 1942) permit à la Police française d'arrêter, (à elle seule !) et en une matinée, 13 000 des 25 000 Juifs de Paris pour les "remettre" aux Allemands. (Il en manquait hélas 12000 que de mauvais Français avaient eu le temps de prévenir).
Bref.
L'ancien président Jacques Chirac qui eut le mérite de revenir en 1995 sur le drame pour exprimer "notre honte", commente dans le JDD du 7 mars :
"La mémoire permet d'éclairer l'avenir"
On pourrait  ajouter :" surtout quand elle projette sa lumière dans les trous noirs".

jeudi 4 mars 2010

Rubenstein

J'avais le souvenir d'un personnage gai, un tantinet cabotin, mais l'image de son  visage  blême, laiteux et parfaitement impassible, ne parvient pas à s'effacer.

mercredi 3 mars 2010

Patates

Y a de l'OGM dans les pommes de terre .
Bigre !
José Bové s'indigne. Naturellement. Et le cameraman qui se trouve justement là. 
Bové nous explique que ça va contaminer (sic) les sols.
Bon. Rameutons nos souvenirs.
La modification génétique, c'est bien le résultat de quelque chose qu'on introduit dans un gêne, ou un gêne qu'on tripote ?
C'est donc  une histoire de spermatozoïdes et/ou d'ovule ? Bref, de reproduction sexuée.
Les patates, de leur côté -enfin, c'est ce que croyais - c'est un tubercule, une sorte de tige souterraine, quoi, qui ne porte pas de fleur, donc pas de gamètes , vous me suivez ?
Alors, qu'est-ce qui va se passer ? On va voir des tubercules copuler sous terre et c'est ça qui va contaminer le sol ?
Attendons-nous au pire.
Monsieur Bové, expliquez-moi, vous qui savez tout, sinon, je ne voterai plus jamais pour vous. Ah! Mais !

Hérédia

 

 

 

Moissons

 

 

Un long cheminement noir barre d’un trait le chemin de poussière.

 A la fin du printemps, le grain des graminées est mûr et fragile à la fois. La dernière averse d’orage et le coup de vent du nord qui l’a brutalement chassée ont précipité au sol les enveloppes sèches de la folle avoine. Quelques jours encore et tout sera piétiné, dissous, englouti  dans l’humus renouvelé de la prairie. Les fourmis le savent, elles n’ont attendu que la pointe du jour pour ouvrir le grand chantier de l’année. Hier pourtant, passant ici, on n’y avait vu personne.

L’oeil qui d’abord se perdait dans un grouillement infinitésimal a bientôt reconnu deux colonnes distinctes, l’une qui se hâte vers les granges souterraines et l’autre qui part aux champs. De minuscules arrêts interrompent régulièrement la marche pressée de chaque insecte, le temps d’un mystérieux échange  avec celui qui s’avance vers lui, du même pas. Le cheminement se trouve ainsi constamment haché et dévié, sans que pour autant, vue d’en haut, la ligne noire de l’armée perde rien de sa rectitude. La charge qu’on croit énorme pour chacun, et longue jusqu’à la démesure, semble ne jamais  peser. Brandie au-dessus des têtes, elle avance continûment comme si c’était elle qui entraînait le petit grain noir.

Le passant  a  choisi l’un de ceux-ci pour la taille particulièrement remarquable de l’épillet qu’il traîne, prêt à rire des efforts qu’il devra faire au moment de se glisser dans le minuscule orifice où la foule se presse. De fait, quelques pas malhabiles trahissent un certain embarras et déjà l’on s’amuse, le temps de comprendre que c’est à reculons que l’insecte a choisi de descendre l’invisible escalier, tandis que la pointe de l’oriflamme herbacé s’agite une dernière fois à l’air libre.

Autour du gros pied de mauve qui abrite l’entrée du souterrain, le piétinement  des moissonneuses a visiblement tassé le sol, mais le long chemin qui en sort s’efface lentement à mesure qu’on s’éloigne avant de se dissoudre dans l’infinité de la prairie, comme on voit, en survolant un plateau désertique  s’effacer bientôt dans les sables environnants le fin réseau  de routes qui sort de la ville. Il ne reste qu’à choisir, laisser la pensée s’égarer en une interminable et dérisoire comparaison, ou bien, du haut du regard, admirer librement le suintement léger des légions en marche.

 

Chopin

Très, très beau début de soirée T.V.  lundi avec ces pianistes jouant Chopin et qui finissent par lui ressembler Présentation, commentaire intelligents, celui d'un pianiste.
Et  le visage blanc, parfaitement immobile,   transcendé d'Arthur Rubinstein, jouant mais dont on ne voit pas les mains. (qu'il avait, par ailleurs plutôt petites !).
Impossible de ne pas penser qu'il était  Juif et que, pour un peu il aurait fini en ce lieu dont on n'ose même plus prononcer le nom.
Une occasion enfin, même pour quelqu'un qui croyait aimer Chopin, de découvrir la profondeur, la force de sa musique. 
Vive l'année Chopin.

Tempête

Bien sûr, il faut respecter et compatir.
MAIS va-t-on pour autant exonérer de leur immense responsabilité tous ces petits maires,ces petits  potentats locaux qui, pour 3 francs 6 sous de gloire (ou d'autre chose) ont accordé des permis de construire en négligeant les recommandations des services compétents (DDE et autres associations de sauvegarde du littoral) ? A force de taper sur une Administration, qui, bien souvent le mérite, c'est vrai, on en arrive à se moquer de ceux pour qui la notion de Service public a encore un sens et qui disent ce qu'il faut, quand il faut.  Décentralisation extrême + libéralisme à tout crin = catastrophes (contribuables, à vos poches !)
 Pour ma part, je n'oublierai pas l'image de cet éleveur qui a vu ses brebis (*)se noyer et qui dit "elles me regardaient et je ne pouvais rien faire pour elles". Pour moi, c'est ça l'information. 

*je précise que l'on n'élève pas de "moutons" puisque tous les agneaux mâles vont à l'abattoir et qu'on ne garde que des femelles pour la reproduction. Un "troupeau de moutons", c'est toujours un troupeau de brebis

lundi 1 mars 2010

Esplanade

@marie montpellierdailyphoto.blogspot.com/

J'ai admiré ta photo de la petite pièce d'eau  qu'on trouve sur l'Esplanade, où vivent de nombreux canards. En pleine ville.  Je passe de longs moments à les regarder. Entre les canards  et moi, c'est une vieille histoire d'amour. pensez : un animal qui vole aussi bien (sinon mieux !) qu'il nage et qu'il marche ! Un oiseau dont le plumage est à lui seul une matière et une couleur.

Madame Badinter

J'ai lu et apprécié en son temps, XY d'Elisabeth Badinter.
La philosophe nous propose aujourd'hui une  réflexion sur la nouvelle violence qui serait faite aux femmes, notamment à travers ce discours pseudo-écologiste qui voudrait, au nom de "la nature" retrouver la vérité de l'allaitement et autres habitudes, qui ne feraient en définitive que confiner une nouvelle fois,( mais avec des arguments très "in") les femmes dans leur cuisine.
Sans doute, sont-ce là choses bonnes à dire.
J'entends cela, mais.
Mais Madame Badinter me casse les pieds. On ne peut pas, depuis une dizaine de jours, jeter (?)un oeil sur la T.V, tendre (?)une oreille vers la radio, éplucher (?)un journal sans tomber dans la soupe inlassablement répétée du propos qu'elle tient patiemment au chaud sur je ne sais quelle cuisinière médiatique. 
Madame Badinter me pardonnera. (et si elle ne pardonne pas, ça m'est parfaitement égal), mais elle devrait savoir, en tant qu'actionnaire principale de Publicis (et fille de son fondateur feu Marcel Bleustein-Blanchet), que trop de pub peut tuer la pub, tout comme la concurrence peut tuer la concurrence.
Mais... que cela ne vous empêche pas de lire son livre !

dimanche 28 février 2010

Charles Juliet

Ayant lu naguère les deux premiers volumes du "Journal" de cet homme douloureux (qui me disaient quelque chose de moi), j'ai profité de sa venue à Montpellier ce vendredi pour aller l'écouter lire quelques extraits de son oeuvre, (qui ne se limite pas au journal.)
Est-ce sa voix faible ou  la mauvaise acoustique, ou une difficulté toute simple à exprimer l'essentiel, j'ose dire que je n'ai pas entendu grand chose, quand son visage, par contre, 
 parle d'une façon éloquente. On y lit d'abord une farouche obstination mais pétrie de tristesse. Sous un front haut qui ne s'arrête que sur la barre noire des sourcils, il faut deviner le regard, si enfoncé dans les orbites qu'il semble entièrement tourné vers son intérieur et les lèvres ne révèlent aucune sensualité.
Un visage qui dit, mieux à mon sens que  la voix, la volonté de vivre, mais non l'épanouissement qu'on cherchait et qu'on est censé avoir trouvé. Visage qui a sans doute vieilli très tôt, sans jamais avoir pu se départir de l'ancienne détresse. (*)
L'homme reconnaît que sa décision d'écrire a toujours reposé sur son besoin de mieux se connaître. Il accepte de parler de thérapie et paraît convaincu que l'écriture l'a aidé à changer, mais c'est pour reconnaître un instant plus tard, que ce que l'on trouve à l'intérieur de soi n'est qu'un magma, un brouillage.
Il faut donc se poser la question de savoir ce que l'on peut espérer, de cette façon, trouver en soi, puisqu'il est avéré que chaque instant nous change, que l'impermanence des choses gouverne le monde et que c'est la seule certitude dans laquelle on puisse trouver un  peu d'optimisme ! Puisque rien n'est définitif, que tout peut (encore) arriver !
Je sais quelque chose par ailleurs des écrits de C.Juliet concernant ses amis peintres(Bram Vanvelde, par exemple, qui fut cher aussi au regretté Pierre Torreilles, le fondateur de la librairie Sauramps). Là,  pour parler de la peinture, l'auteur a vraiment su trouver les mots d'un créateur pour parler de la  création.
Si écrire a un sens, n'est-ce pas en effet pour cela ?

*C.Juliet a perdu sa mère très jeune (3 ans ?)et ne s'en est jamais vraiment remis.

vendredi 26 février 2010

Expositions de peinture

Il y a deux choses que je ne supporte pas : la mauvaise foi et les conférenciers de musée.

Jean-Claude Carrière

À la T.V hier, J.C. Carrière rappelle qu'il s'est longtemps interrogé : "Ai-je assez de matière invisible en moi pour écrire ?"
À propos de son dernier livre :"Mon chèque", qui évoque les difficultés qu'un auteur rencontre parfois (*) pour toucher ce qu'un éditeur (ou un producteur de cinéma), l'écrivain rappelle qu'il lui  faut un an pour écrire un scénario de film... pour finalement s'entendre dire " Très bien, votre scénario, mais...vous ne trouvez pas que Robinson est un peu seul sur son île ?"

Du même : "Notre vie est entourée de mystères : l'argent, par exemple, on n'y comprend rien. L'écriture aussi, est un mystère"

 * NDLR : parfois ou souvent ?

Turner

Aucun coucher de soleil n'atteindra jamais à la beauté d'une aquarelle de Turner

jeudi 25 février 2010

Dialogue

- Hou hou, que j'ai froid !
- Mais, chérie, c'est l'hiver...
-Et alors ?

Chat

Sournois, égoïste, indépendant...
Et en plus, ça bouffe les petits oiseaux...
Enfin, il faut voir comme ils prennent plaisir à faire souffrir la pauvre petite souris qu'ils viennent d'attraper !
... Comment peut-on avoir un chat, je vous le demande ?
J'avoue, quant à moi, que du plus loin que je regarde en arrière(et ça commence à faire un bout de temps), j'ai toujours eu un chat. Toujours un compagnon, souvent un ami.
Celui qui prend soin de moi en ce moment, qui partage mon minuscule appartement, est un Siamois. Ça manquait à ma collection et je ne suis pas déçu !
Dès qu'il aperçoit la lumière filtrer sous la porte de ma chambre (non, il n'a pas le droit de dormir avec moi), il arrive, se frotte contre la jambe de mon pantalon, tourne, va, vient et finalement, se pose sur son derrière pour élever son regard vers moi. Un regard fixe (vous savez que les Siamois ont de très grands yeux bleus), que d'aucuns (ceux dont je parlais plus haut) trouveraient indifférents, mais qui sont en réalité pleins d'un amour sans bornes. Le même que celui que je lui porte. Je m'acquitte aussitôt de mes devoirs et, avant même de prendre ma pilule quotidienne(je ne veux pas mourir prématurément, ce qui pourtant arrivera un jour), je lui donne son repas :croquettes + haricots verts. Il mange trois grains , se retourne vers moi pour me dire qu'il n'en a pas assez, c'est à mon tour de lui expliquer que son écuelle est pleine, ce qu'il n'avait pas remarqué) et alors, notre journée commence. Nous nous mettons au travail, moi devant mon ordinateur, lui dans son panier où il va dormir jusqu'à ce soir. De l'exercice ? Non, jamais. Mon chat pèse dix kilos. Moi, beaucoup moins; (proportionnellement, s'entend !) Demain, ou un autre jour, je vous parlerai de nos soirées et de nos câlins. 
Si ça vous intéresse !

mercredi 24 février 2010

Fiction plus que réalité

Entendu ce matin sur Fr.Culture,  Jorge Semprun, (l'auteur de 'L'écriture ou la vie" 'Gallimard"dans lequel il explique pourquoi il est resté 50 ans sans pouvoir parler de ce qu'il avait vécu au camp de Buchenwald, (comme tant d'autres anciens combattants de toutes les guerres avant et après lui). 
C'est, dit-il, parce que seule la fiction  et donc, la littérature peuvent parler de ces choses;
Qu'on me pardonne de me citer (cf le n°16 du Mag sur le site "autour-des-auteurs.net) à propos du très remarquable "Des hommes "de Laurent Mauvignier (éd. deMinuit): 
"deshommes est un grand livre, la preuve que la fiction permet à quelqu’un qui n’a pas été témoin, mais qui SAIT, d’en dire plus que ceux qui ont VU mais sans rien SAVOIR."
J'en veux une nouvelle preuve, tout aussi éclatante que la précédente, avec le HHhH de Laurent Binet (éd. Grasset), jeune auteur qui a entrepris de "narrer" comment le bourreau de la Tchécoslovaquie, Reinhardt Heinrich a été assassiné le 27 février 1942 par des résistants. Encore que je doive ajouter que le propos s'accompagne ici d'une passionnante réflexion sur le fondement  même de l'entreprise : Est-ce un roman su'il faut faire, une compilation de témoignages, ce qu'on appelle un "roman historique (attention, danger) ? Tout le livre est comme vivifié par cette réflexion, que L.Binet contourne de la façon la plus intelligente, la plus "littéraire" en la rappelant très régulièrement, faisant en quelque sorte "le livre du livre". Et cela, où la "vraie fiction" n'a que peu de part -puisqu'il convient d'être absolument respectueux des faits et aussi précis que possible -, c'est de la forte et belle littérature.

mardi 23 février 2010

croyez-moi

C'est grande faiblesse que de vouloir être aimé.

jeudi 11 février 2010

Un roman français (commentaire)

Il faut être bien hardi ou bien inconscient pour oser critiquer un livre.
Ce dont je suis pourtant coutumier, au risque de m'entendre dire que je suis sévère (trop), intransigeant (trop) et sans indulgence.
Je reconnais bien volontiers mes torts, qui ne se bornent pas, hélas à la lecture des livres, mais au moins puis-je dire  que je ne prends pas pour un vrai critique littéraire, ce qui est un métier. (J'ai achevé de m'en convaincre en lisant hier la chronique que Pierre Lepape a consacrée  à un livre de MarieNdiaye 'Un temps de saison".. Là, on a affaire, c'est tout à fait évident,  à véritable "un genre littéraire".
Alors, de quel droit, petit bonhomme, je vais jouer à ça ?
Du seul droit de ma peau, à laquelle je tiens et qu'il faut bien que je défende autant que je dois la nourrir. 
Je ne dis pas que j'ai raison de laisser tomber tel ou tel livre, je me borne à dire qu'il ne m'apporte rien et qu'il y a assez de contraintes dans la vie pour que je m'exonère de celle de lire un livre qui ne m'apporte rien.
S'il s'agit de se distraire,de se soustraire un instant à la dureté du moment, bref,  de passer le temps, j'ai d'autres recours.
D'autant que les instants que je peux consacrer à la lecture  au long d'une journée sont relativement rares et fatigants. Vous l'avez compris : je lis peu, autant vaut-il que j'y regarde à deux fois ! À moins que quelqu'un, comme ce Beigbeder dont je viens de parler, ne me saisisse par la manche et me secoue pour me dire:
- Hé toi, là, arrête-toi un instant, j'ai quelque chose à te dire" !
- Moi, Monsieur, mais je ne vous connais pas et en plus...
- Un instant, mon cher; j'ai à parler de moi. C'est-à-dire de toi !

Victoires

Mais non, la télé ce n'est pas que T.F.1 et j'avoue avoir passé une bonne soirée à écouter (à voir ?) l'émission "les Victoires de la musique, regrettant l'heureux temps où l'on me donnait parfois une place gratuite pour assister aux concerts donnés dans cette superbe salle de l'Opéra Berlioz de Montpellier. Aucun disque ne remplacera en effet le contact, l'émotion, le transport qu'apportent la présence, la vue des musiciens à l'oeuvre.

On entendit certes une immense pianiste (Hélène Grimaud), un étonnant contre-ténor (Philippe Jarrousky). Il n' y eut que de belles choses, mais pourquoi l'image qui demeure dans mon esprit, quelques jours plus tard est-elle celle de l'ensemble "concert spirituel", sous la direction d'Hervé Nichet ? Un sentiment d'harmonie totale entre chaque musicien et son instrument, entre le groupe et son chef, entre celui-ci et la mesure implacable de la musique baroque, mais surtout  : ce sentiment de pénétration  qui se lisait sur tous les visages. Oui, ce soir là, la musique avait un visage. Heureux, ces musiciens !

mercredi 10 février 2010

Une toute petite pensée

Ayant passé depuis longtemps l'âge de raison, j'ai eu tout loisir de constater que le monde a bien changé.
Ainsi, lorsque j'étais jeune, tous les vieux, sans exception étaient des cons. Eh bien, aujourd'hui, c'est l'inverse ! 

Demain

C'était toujours : "demain..."
Quand je serai grand, quand j'aurai trouvé du travail, quand j'aurai trouvé une maison, quand les enfants seront grands, quand j'aurai réussi mon concours, quand je serai nommé, quand j'aurai de l'avancement, quand je gagnerai davantage, quand...
On me rendra cette justice : je n'ai jamais (pas une seule fois)dit "quand je serai à la retraite", ni "quand j'aurai quitté ma femme"..
Et pourtant, tout cela est arrivé. 

mardi 9 février 2010

Un roman français de Frédéric Beigbeder

Je n'aurais jamais, de moi-même, acheté ce livre, tombé dans mes mains au moment où je montais dans le train. 
L'auteur, trop vu, trop entendu, sa posture de bouffon médiatique -bref, tous les préjugés que je pouvais avoir m'en auraient retenu. Et puis, la vie étant courte, il faut bien choisir ses lectures avec rigueur. (Il y a tant de livres qui me tombent des mains, bien avant que j'en aie lu la moitié.
Ayant proposé deux chroniques au Mag de Autour des Auteurs (ADA) , la rédaction n'a retenu que celle que je consacrais à Laurent Mauvignier. Vous allez donc profiter des Soldes !

 

 

 

Un roman français de Frédéric Beigbeder

 

 

On peut écrire que l’expression  « vie de famille est un oxymoron », que l’on a « horreur des autobiographies trop exhibitionnistes » et parler durant 280 pages  de sa propre famille, pour la seule raison qu’on reconnaît n’être que le résultat, le produit de celle-ci.

On comprend mieux que Frédéric Beigbeder ait  tant fait (se droguer, se pipoliser, écrire aussi) pour s’extraire de cette famille puisque, pour lui, « la vie commence quand on la quitte ».

Le titre du livre paraîtra prétentieux, peut-être insultant pour certains,  mais descendre d’un haut lignage,  avoir eu un grand-père tué à la guerre et concentrer en soi deux « maux du siècle », sans compter  la recherche de la notoriété, n’est-ce pas aussi une façon d’être bien française, dès lors qu’on n’a  peur ni de se grandir ni de s’avilir ?

 

Parti pour conforter un préjugé bâti sur trop d’exhibitions, je dois  reconnaître à cet auteur une honnêteté morale et une sincérité dont chacun pourrait s’honorer. Certes, passée la première partie du livre, le récit flageole un peu et tend au ressassement (il faut bien atteindre les dimensions d’un roman), mais l’on termine comme on a commencé, touché par cette mise à nu qui est non seulement celle de tout un pan de la société française d’aujourd’hui, (allez donc voir comment se passe une  garde à vue !), mais aussi celle d’un homme qui ose, avec une discrétion dont on ne l’aurait pas crédité, dire l’amour dont il est capable aussi bien que celui qui lui a manqué. Et ce, avec le talent dont il cherchait depuis longtemps à nous convaincre.

 


lundi 8 février 2010

Nouvelles de la presse parlée

Comment ne pas s'énerver, à l'écoute réitérée (non, je ne dirai pas "récurrente"!) de ce nouveau tic langagier qui aboutit à énoncer une aberration telle que "le dispositif est en train d'être arrêté" entendu sur toutes les ondes. Je ne conteste pas que la forme progressive anglaise soit une belle commodité, mais elle ne fait pas partie de notre grammaire (pas plus ,hélas, que le "neutre" qui nous rendrait parfois bien service pour éviter, certaines féminisations ridicules).
Serait-il plus difficile de dire, par exemple, "qu'un dispositif est en cours d'élaboration"  "qu'il vient d'être mis au point" ou bien que "l'on travaille à..;"? 
En voulez-vous un(une)autre ?  Rappelons  à ceux qui causent dans le poste " que 'adjectif numéral "cent" prend un S final dès que le nombre est supérieur à l'unité. Cela nous éviterait ces pénibles "deux cent Heuros" avec deux H inspirés, qui écorchent l'oreille.
Enfin, un troisième, pour la route ?
Eh bien, voilà : QUI est mort et ce n'est pas une interrogation, c'est malheureusement une affirmation ou tout au moins une quasi-affirmation. Par crainte sans doute de "parler  vulgaire", il est de bon ton, maintenant, de parler de "ce qu'il se fait" ou de "ce qu'il reste" plutôt que de"ce qui se fait" ou de "ce qui reste". )Pauvre pronom relatif !
Je crains beaucoup que tous ces tics ne soient, hélas des tics "durables" comme tout le reste,  depuis si longtemps que "cela perdure" !
Dieu qu'il est difficile d'être simple ! Et que la mode est belle cette année !

dimanche 7 février 2010

Océans

Vu le film qui porte ce titre.De belles images, en quantité, parfois jamais vues, mais sans lien très net entre elles, contrairement au précédent "le peuple migrateur".
Beaucoup de carnages qui rappellent que la vie se nourrit de la mort. Qu'il ne peut en être autrement, aurait-ll fallu ajouter. Qu'il s'agit là d'un seul et même mouvenet qui ne cesse d'aller de l'un à l'autre, ce que le bouddhisme dit bien mieux que quiconque, évitant ainsi de tomber dans les sempiternelles oppositions Faibles/forts, Animaux utiles/animaux nuisibles, prédateurs/victimes, rapaces/ petits oiseaux, lesquelles ne font jamais que ramener l'insupportable prêchi-prêcha de la morale chrétienne occidentale. les bons d'un côté, les mauvais de l'autre, et en avant marche, au son de mon clairon comme aurait dit L.F. Céline.
Je n'ai pu, d'ailleurs, m'empêcher que la mort d'une otarie capturée par une orque me touchait plus que la dévoration - jusqu'au dernier individu - de ce banc de petits poissons tourbillonnant dans une formidable danse de mort par des congénères dont la  taille n'avait rien de monstrueux. Je soupçonne une solidarité entre mammifères !
Et que dire, alors, de notre tendresse pour les baleines, ce puissant mystère dont on ailerait savoir quand et pourquoi il a quitté le sol terrestre. Mais , qu'il soit des nôtres, cela ne saurait faire de doute.
En définitive, le fil m'a beaucoup moins impressionné que "la marche de l'empereur" dont le seul propos était de nous rappeler la toute-puissance et la nécessité de l'acte de reproduction et ce, dans les conditions les plus extrêmes, dans lesquelles n'existe plus que l'essentiel. Nécessaire rappel pour ces petites têtes que nous sommes et qui, trop souvent, oublient de penser, ce qui est pourtant un autre essentiel.
Au demeurant, qui peut rester insensible à cette démarche à la fois balbutiante et terriblement obstinée des ces drôles d'oiseaux, qui nous ressemblent tant ?
Une dernière image, enfin, extraite d'un autre documentaire animalier. C'est un immense espace vide et parfaitement plat, derrière lequel se profile au loin, une énorme montagne de glace. Soudain, apparaît sur la droite de l'écran, marchant à pas lents, tête baissée, un manchot solitaire et pensif, qui va traverser toute la scène. 
Quand la beauté suffit à la pensée. 

samedi 6 février 2010

Pourquoi

pourquoi j'ai décidé d'ouvrir ce blog ?
Un peu parce que j'aime écrire et beaucoup parce que -même si je parle de moi, et cela arrivera sans doute - c'est pour aller vers vous. 
Je vous parlerai sûrement de ce que représente l'écriture pour moi, mais je peux vous dire sans plus attendre que c'est peut-être devenu la chose la plus importante de ma vie;
Ce n'est pas un métier, cependant, même si j'ai déjà publié 6 livres - et c'est beaucoup plus qu'un passe-temps, c'est une nécessité. Pourquoi ? parce que le monde attendait que je dise comment il est fait !
Plus exactement, comment moi, je le vois. Et ça, personne ne l'avait jamais fait. 

vendredi 5 février 2010

Bienvenue

Bienvenue à tous ceux qui viendront perdre leur temps chez moi; (je n'ai pas dit "avec moi !")