mardi 9 février 2010

Un roman français de Frédéric Beigbeder

Je n'aurais jamais, de moi-même, acheté ce livre, tombé dans mes mains au moment où je montais dans le train. 
L'auteur, trop vu, trop entendu, sa posture de bouffon médiatique -bref, tous les préjugés que je pouvais avoir m'en auraient retenu. Et puis, la vie étant courte, il faut bien choisir ses lectures avec rigueur. (Il y a tant de livres qui me tombent des mains, bien avant que j'en aie lu la moitié.
Ayant proposé deux chroniques au Mag de Autour des Auteurs (ADA) , la rédaction n'a retenu que celle que je consacrais à Laurent Mauvignier. Vous allez donc profiter des Soldes !

 

 

 

Un roman français de Frédéric Beigbeder

 

 

On peut écrire que l’expression  « vie de famille est un oxymoron », que l’on a « horreur des autobiographies trop exhibitionnistes » et parler durant 280 pages  de sa propre famille, pour la seule raison qu’on reconnaît n’être que le résultat, le produit de celle-ci.

On comprend mieux que Frédéric Beigbeder ait  tant fait (se droguer, se pipoliser, écrire aussi) pour s’extraire de cette famille puisque, pour lui, « la vie commence quand on la quitte ».

Le titre du livre paraîtra prétentieux, peut-être insultant pour certains,  mais descendre d’un haut lignage,  avoir eu un grand-père tué à la guerre et concentrer en soi deux « maux du siècle », sans compter  la recherche de la notoriété, n’est-ce pas aussi une façon d’être bien française, dès lors qu’on n’a  peur ni de se grandir ni de s’avilir ?

 

Parti pour conforter un préjugé bâti sur trop d’exhibitions, je dois  reconnaître à cet auteur une honnêteté morale et une sincérité dont chacun pourrait s’honorer. Certes, passée la première partie du livre, le récit flageole un peu et tend au ressassement (il faut bien atteindre les dimensions d’un roman), mais l’on termine comme on a commencé, touché par cette mise à nu qui est non seulement celle de tout un pan de la société française d’aujourd’hui, (allez donc voir comment se passe une  garde à vue !), mais aussi celle d’un homme qui ose, avec une discrétion dont on ne l’aurait pas crédité, dire l’amour dont il est capable aussi bien que celui qui lui a manqué. Et ce, avec le talent dont il cherchait depuis longtemps à nous convaincre.

 


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