lundi 10 mai 2010
pensée du jour (suite du 20 avril)
La fidélité, vertu si prisée du plus grand nombre, aurait-elle dû conduire F.M. à demeurer vichyssois et à se faire embastiller, voire fusiller en 44 ? La peine de mort serait peut-être encore en vigueur en France.
samedi 1 mai 2010
Radiophonie
À ce titre, l'émission du matin entre 6 et 7 heures, où l'on tend le micro à ces Messieurs(oui, très peu de femme, peut-être dorment-elles encore ?) du Collège de France. Lisant leur papier -et plutôt mal, plutôt que de nous aider à nous éveiller, ils semblent s'être donné pour tâche de nous inviter à replonger sans tarder sous la couette, parlant du recrutement des janissaires de l'Empire ottoman du XIVè siècle ou de je ne sais quel autre sujet aussi lénifiant qu'abscons.
À le même heure, ce samedi matin, la place était occupée par de très jeunes spécialistes de la guerre moderne qui évoquaient les innovations que l'intrusion de la communication informatique chez les combattants apportent dans la guerre moderne. Décrivant les affres de tel chef de groupe aux prises avec "Power point" tandis que ses hommes se faisaient massacrer. Ou encore la surprise des Américains, qui, faute d'avoir prévu que la guerre contre l'Irak (première guerre du Golfe) serait si rapide, n'avaient pas su quoi faire ensuite. Je ne parle ici que des quelques bribes qui m'ont paru intelligibles, car, dans l'ensemble, si j'ai bien reconnu le vocabulaire, la syntaxe et la grammaire de la langue française, je n'ai rien compris à ce que l'on me disait.
Novelette 2
L’envol des colombes est interdit à quiconque porte une tiare, il est temps de le dire et je ne supporterai pas que l’on m’interrompe, encore moins qu’on me pose question.
Le temps est venu, oui, le temps est venu de se taire et d’entendre ce que disent les plumes blanches qu’on a vu descendre une à une tandis que vous aviez tête baissée. Marquez-en l’emplacement et ne bougez, soyez attentifs et que le soir finissant recueille votre soupir. Qu’on en finisse avec tiares, couronnes et diamants, tous usurpés et que cessent l’attente et l’imprécation. Lourde charge que je n’ai cessé de porter, de plus en plus lourde à mesure que s’allonge le chemin, sans espoir de renoncement. Fardeau nécessaire et sans raison, faut-il le dire aussi ? En peu de mots, par exemple ceux-ci : À quoi tient la vie, sinon à rien ? Et que chacun veille, en attendant.
Celui qui avait parlé se tut et chacun des hommes assemblés s’effraya du silence qui s’abattit. Sous le poids, certains courbèrent le dos et baissèrent les yeux. L’attente serait longue. Quelques uns pensèrent à répondre et puis y renoncèrent. Le monde entrouvrait ses entrailles, il était temps de douter.
Hommes agenouillés... reprit la voix dans une exclamation qui s’éteignit aussitôt et l’on sentit l’effroi grandir dans la foule. Les hommes assemblés surent alors qu’ils étaient semblables et chacun prit conscience que c’était terrible, mais aussi qu’il suffirait pour échapper au malheur que meure celui qui leur avait parlé, qui avait osé quand tous se taisaient et qu’aucun ne connaissait.
Pourquoi ? murmura l’un d’eux à voix basse. Et son voisin répondit : Regarde nos mains. Hommes de peine nous sommes tous. Nos mains de misérables contiennent toute la vie du monde. Mains qui savent étreindre et caresser aussi bien qu’étouffer, mais qui savent aussi semer et récolter, nul seigneur n’en ferait autant.
Reprenons, dit un autre et levons la tête. On entendit en écho quelque part : C’est assez veillé en effet ! Nulle force en dehors de nous, c’est assez de mourir.
Le vent se leva, déchirant la nuée. D’un même mouvement, ils regardèrent le ciel qui était calme et vide et ils se mirent en marche.
De l’autre côté du fleuve, était une forêt dans laquelle ils entrèrent, ce qu’aucun homme avant eux n’avait fait.
Ne sommes-nous pas ici chez nous, dit celui qui y était entré le premier, mais cela fit peur et, en silence, quelques uns s’éloignèrent, profitant de l’ombre du couvert pour gagner la lisière proche où ils décidèrent de faire seuls leur chemin. On ne les revit jamais.
vendredi 30 avril 2010
la pensée du jour
vendredi 23 avril 2010
Novelette 1
On n’a jamais rien su de ce qui s’est passé ce jour-là. C’est resté dans la mémoire des morts, chacun ayant gardé pour lui ce qui aurait pu se dire, afin de ne pas détruire ce qui pouvait rester d’harmonie entre eux. Impossibles à dire, les mots fussent de toute façon restés bien faibles, bien insuffisants.
La seule chose dont on puisse être sûr, c’est qu’à un certain moment, esquissant le geste de quitter sa chaise, il a dit : “ Bon, maintenant, il faut que j’y aille !” sans se lever encore toutefois, tous trois se regardant.
Encore là, mais déjà parti, sans envie véritable, mais nécessité pourtant que personne n’évoquerait - et surtout pas lui - sans aucune précision, laissant chacun imaginer à sa façon, la moins douloureuse possible, chercher une explication, un fait, une date plus ou moins lointaine que lui-même aurait oubliée si elle avait existé, qui aurait été à l’origine de tout, affronté qu’il était aujourd’hui à cette décision qui s’imposait à tous, mais qu’il ne reconnaissait déjà presque plus comme sienne. Lentement mûrie - d’autant plus solide, inexorable - pendant des années dans le silence puisque n’en pouvant parler à personne, même pas - surtout pas - à ce père dont il était pourtant si proche et maintenant que tout aurait pu se dire, chacun choisissait de se taire, la pensée n’ayant pas pris la même direction pour chacun d’eux et appelée d’ailleurs à changer dès qu’il aurait franchi la porte, à changer encore demain et à changer tous les jours qui s’ensuivraient jusqu’à ce qu’on ne reconnaisse plus rien, la douleur se faisant à la fois plus présente et moins forte et qu’il ne reste de cet instant si intense et à bien des égards si émouvant, que l’idée que l’on pourrait se faire d’une image disparue, à moins qu’ayant tout oublié de ce qui s’était exprimé au cours de ce long silence, l’un ou l’autre ne gardât en mémoire qu’une attitude, un regard vers la pendule, un geste vers le chien qui dormait à leurs pieds devant la cheminée, celui-ci ne s’attendant à rien - pas comme eux - profitant seulement de la chaleur du feu, un peu de fumée s’échappant toujours dans la pièce pour aller noircir un peu plus les grandes figurines des deux joueurs de cartes qui s’affrontaient au-dessus de la cheminée depuis de longues années, le visage de l’un, grimaçant et hurlant : “capot !”, mais sur lesquelles on ne voyait plus que les chiures de mouches vraiment trop nombreuses, bref, chacun n’ayant rien gardé de soi ou presque, seulement quelque chose venu d’un des deux autres et pas nécessairement de celui qui s’apprêtait à les quitter. C’est ça qu’il avait voulu dire tout à l’heure, que c’était l’heure, qu’il n’y pouvait plus rien, n’ayant rien décidé lui-même, que c’était une fatalité, que le temps était venu mais aussi que le temps était passé, qu’un autre temps allait commencer sitôt qu’il aurait quitté la pièce, qu’il allait se séparer d’eux - et pas seulement de l’un ou de l’autre - malgré lui, sans qu’on sache au juste où il allait, ni où il serait demain, juste que ce serait au-delà de la mer, en pays étranger, loin d’ici. Peut-être avait-il ajouté, au tout dernier moment : « Vous direz à mon frère »…, mais sans terminer sa phrase, la mère ayant aussitôt tranché : » Oui, on lui dira, ne t’inquiète pas », en ce moment où le fait d’être ensemble n’avait déjà plus aucun sens, gestes inaboutis et parole muette, lui ne le prolongeant et eux ne l’acceptant que comme une formalité parfaitement vide, mais peut-être nécessaire, pour plus tard, quand il ne serait plus là. Et que valait la promesse de revenir un jour quand l’avenir se faisait aussi impénétrable, aussi indéfinissable que ce présent auquel tous les trois se heurtaient en silence, lui regardant tour à tour son père et puis sa mère, celle-ci longuement, avec un regard qui ne disait ni une indulgence qui n’eût pas été dans l’ordre des choses ni une indécente compréhension ?
jeudi 22 avril 2010
avec ou sans S ?
200 euros se prononce "deux cent Heuros",
mais
100 euros, se prononce "sans euros". (on fait la liaison !)
Porquoa ? comme disait Grocq, jadis ?
mea culpa
Science sans conscience
Dufumier a beau jeu de rappeler les dégâts de l'agriculture intensive : pollutions généralisées, gaspillage et dégradation des ressources en eau, moindre qualité des produits, appauvrissement des sols (absence de restitution de la matière organique, abus de pesticides et d'engrais, labours trop profonds,etc), tout ceci pour aboutir à la désertification des campagnes et à la ruine d'innombrables exploitations agricoles ( plus de1,5million ont disparu en 40 ans). Tout ceci pour le bénéfice exclusif de quelques grands céréaliers et sucriers du Bassin Parisien, gavés des subventions de Bruxelles, de ce qu'on appelle l'agro-industrie et la grande distribution.
Un exemple ? Citons Dufumier : " Quand on veut faire épiler des canards par des robots, il faut que les canards naissent tous identiques,donc clonés, il leur faut la même alimentation, qu'ils soient apportés le même jour à l'abattoir qui ne peut les traiter que d'une seule et même façon".
Nous avons été les témoins, durant ces "Trente Glorieuses" (pas si glorieuses que ça, finalement) de l'application avec laquelle les chercheurs se sont efforcés, chacun dans son secteur et sans aucun état d'âme, d'atteindre des objectifs soigneusement cachés par ceux qui se proposaient d'en profiter.
Grâce aux travaux des zootechniciens, par exemple, on a élevé la production moyenne d'une vache (qui allait de 1000 à 3 ou 4000 kg de lait par an avant guerre à plus de 10 000kg aujourd'hui. En contrepartie, ce lait est pauvre, sans goût, traité (et maltraité de mille façons) et l'éleveur, qui, avec 100 ou 150 vaches, gagne moins que le S.M.I.C. a endetté sa famille pour des générations. Mais Nestlé se porte bien.
Autre incidente : quand le bon sens paysan (la Pratique, Monsieur !) avait, au fil des siècles, réussi à "fabriquer" la race la mieux adaptée au climat et aux aux ressources locales - c'est-à- dire, en fait, la plus "productive" pour lui, on en est arrivé à imposer partout le même "modèle d'animal" auquel on demande la plus forte croissance (production de viande), au détriment de sa rusticité (aptitude à supporter des conditions de pénurie), le même modèle d'habitat, bref, à produire plus cher partout. Dans les années 60, on appelait ça "le Progrès Technique".
Dans le même temps, les brebis du nord de l'Ecosse, n'ont jamais vu une bergerie), ce qui permet à l'agneau britannique d'être moins cher que le nôtre. Et ne parlons pas de l'agneau néo-zélandais (qui ne mange que de l'herbe et passe sa vie en plein air... mais qu'il faut,il est vrai congeler et transporter à grands frais d'énergie depuis les antipodes).
Tout cela, parce que pendant trop longtemps, la Recherche a refusé qu'on essaye d'aborder les problèmes d'un point de vue plus global, tant soit peu synthétique et qu'on se préoccupe de ce que les militaires appellent maintenant sans vergogne "les dégâts collatéraux". Dans ces conditions, rendons hommage à la lucidité (et au courage) de ce chercheur-professeur que le "modèle unique" préoccupe au plus haut point et qui ne voit d'autre avenir pour ceux qu'on n'ose plus appeler "paysans" (ils ont tellement revendiqué d'être, eux aussi, des "producteurs" !)que dans une élévation de la qualité de leurs produits et dans la diversité des productions. À supposer que ce soit maintenant l'aspiration d'un ombre croissant de consommateurs, sinon celle de Mac Do.
Discours de chevelu, d'écolo ? Propos politique ? Assurément.
mardi 20 avril 2010
perles n°3,4,et autres
Je salue aussi l'innovation phonétique du verbe "sculpeter" proposée hier à la T.V par Mme Béatrice Shoemberg (émission "les toqués du chocolat"; À tout hasard, je lui rappelle l'indication phonétique du Petit Robert, qui recommande de prononcer :"skylte", sans oser espérer cependant qu'elle laisse tomber ce "pt" plutôt inconvenant.
mysoginie orthographique
Hier, au "Grand journal "de Canal+ vers 20H15 Monsieur E.Balladur a déclaré avec l'air sérieux (et même un peu plus que ça) qui suffit à le distinguer parmi les grenouilles du marais politique, ,que "quand à la réponse que je vous ai FAIT " ...élidant délibérément le "e" que j'attendais.
Une fois de plus, vous m'avez déçu.
lundi 19 avril 2010
La paix
C'était dit avec un tel sérieux et une telle conviction que je suis promis de faire mon profit de cette sentence... jusqu'au moment où il m'a semblé que cette porte qu'on enfonçait était déjà plus que largement ouverte.
Retour au statu quo ante : problème sans solution.
jeudi 15 avril 2010
chats et chattes
Je préfère parler de tous ses semblables qui ont eu la chance de conserver leurs "dignités" et qui parcourent des kilomètres, bravant tous les dangers (voitures, chiens, humains agressifs) pour assurer leur devoir de reproduction. Nous, les mâles humains, ne sommes-nous pas capables, comme eux, de nous exposer à tous les risques, à toutes les humiliations pour répondre à l'appel du désir et du sexe ? (philosophie à 3,75)
Plus intéressant me paraît l'exemple des chattes, leurs femelles, en matière d'éducation.
Combien de familles se porteraient mieux si la mère avait su, l'allaitement terminé (je veux dire vers la fin de l'adolescence), repousser leur chaton garçon ou fille à coups de griffe, pour enfin le rendre autonome. Un peu dur au début, mais tellement bénéfique pour la suite ! (même constat que plus haut).
mercredi 14 avril 2010
Je recommande
Son auteur est un agronome qui s'appelle Dufumier et qui - le croiriez-vous ?- entre mille remarques intelligentes, déplore que le fumier (et le jus qui va avec, qu'on appelle le lisier" soit répandu en excès en Bretagne, quand, dans toutes les régions céréalières, on a cessé d'en utiliser !
(Dans les deux cas, alerte pour l'avenir de la terre.)
Je me contente d'ajouter que Marc,Dufumier est chercheur à l'INRA, qu'il n'est pas sans courage de s'exprimer aussi librement. Il est vrai qu'il est aussi un des acteurs du fameux "Grenelle de l'Environnement. ", déjà bien oublié.
Pour ceux qui ne connaissent pas mon passé de paysan puis d'agronome et qui ne sauraient pas que je me reconnais quelques droits à traiter de ce sujet, je me propose de commenter plus longuement bientôt ce que nous dit cet homme.
Allègrement
Aujourd'hui, une chaleur estivale et menace d'orage.
Ah ! ce réchauffement climatique !
Perle n°2
Perle n° 1
À tout seigneur, tout honneur. Voici ce qu'a lâché hier , Mossieu Jean-Pierre Raffarin à la T.V. (de mémoire) : Face à cet inconvénient qui sont les risques, etc." Il voulait sans doute dire QUE sont les risques.
vendredi 9 avril 2010
Décisions
Et me voici obligé de constater que la plupart des décisions que j'avais prises étaient mauvaises. Du moins est-ce ce que je conclus au vu des résultats.
Il y a longtemps que je soupçonne que plus que la décision elle-même, ce sont ses effets qu'il faut gérer. Admettre que tout se paye et que, si cela va mal, c'est qu'on a fait - à un moment ou à un autre - fait ce qu'il fallait pour que ça aille mal.
Autant dire qu'il vaut autant laisser la vie faire elle-même ses choix, rester calme et attendre que la roue tourne puisqu'il est avéré qu'elle ne saurait rester immobile. Roue du Dharma des bouddhistes, lesquels ont, je crois, compris beaucoup plus de choses que notre Occident chrétien, bardé d'une morale cléricale, assoiffée de puissance et finalement dévastatrice.
lundi 5 avril 2010
Silence
Vous me faites suaire
mercredi 31 mars 2010
les boutons de la T.V.
lundi 22 mars 2010
Trouver le ton
dimanche 21 mars 2010
Sortir du cercle
samedi 20 mars 2010
une définition de la vieillesse
vendredi 19 mars 2010
mercredi 17 mars 2010
Pérou
Les escaliers d’Ollentaitambo
L’insomnie s’est faite malgré moi. Je l’ai aimée comme ces hauts monts émergés de la brume tôt le matin. Le matin, sans dormir - dormirai-je bientôt ? - est-il nécessaire que je dorme, maintenant que j’aime cette veille si tard venue ?
Lima, Pérou, ce soir on m’a parlé de vous. Et moi, je voudrais vous parler d’Ica, d’Arequipa, Ayacucho et aussi de Cuzco et de l’Urubamba, du petit train tortueux plein de poulets qui suivent leurs Indiens, d’un conducteur qui me ressemble, de touristes qui ne ressemblent à rien, à moi si vous voulez mais je ne voudrais pas. Pourquoi partir et surtout pourquoi ne pas rester ? Un jour, vraiment, je ferai le compte de tout ce que de ce que j’aurais dû faire, que je n’ai pas fait, pourquoi ?
Loufiat sidéral, infrangible tumulte, c’est ce que je leur ai dit. Sans rire, mais ils ont ri et j’en ai été heureux,gardant pour moi le tumulte boueux du fleuve filant vers l’Amazone – mais que faisais-je en ce lieu ?
Ô pourquoi n’as-tu pas davantage d’imagination, toi qui ne sais voir que ce qui est, et bien peu à la fois ? À moi les mots que j’attends, les mots qui me feront, les phrases qui me surprendront.
Trève. Je t’en prie, ne parle plus, tu ne sais rien. La vie, peut-être, tant qu’un peu d’air traversera ta bouche, tes poumons, ne jamais mourir noyé ni repu.
Trêve encore, je ne suis pas ennuyé, impatient encore, juste comme je le voulais.
Longuement s’arrêter, longuement, laissez-moi me reposer, je ne retournerai jamais à Ollentaitambo. Je ne ferai que revenir à l’endroit où je suis né pour le quitter encore une fois encore vers le pays où je finirai, où je serai attendu, du moins, je le crois, depuis que je sais comment les choses se font, les petites choses qui me font moi et pas un autre, moi unique et infime, mais unique auquel je me suis habitué. Pour goûter une paix convenue à partager.`
Le fleuve Urubamba, terrifiant de fureur et ses oiseaux inconnus, perchés sur des rochers émergés, arbres, inattendus, mousses, lichens ses mousses et ses lichens suspendus comme des fleurs de rocher, le tropique tout proche, que je ne verrai pas.
Cuzco, nombril du monde, que j’ai vu, dans lequel je suis entré, pas besoin de long temps pour aimer mais il faudrait comprendre.
Ollentaitambo, dont je me souviens.
Dernier combat, où le dernier Inca fut égorgé, forteresse abolie, escaliers de sang sur lesquels nous sommes tous morts.
Ô Conquistadores. Qu’avez-vous fait ?
Lacunes grammaticales
mardi 16 mars 2010
Pêche en l'étang de Bon Rencontre
dimanche 14 mars 2010
Une chute
Il y aura
Il y aura
Il y aura Delphes,
Les oliviers que j’ai vus,
Léonidas entre les colonnes du temple,
Une photo de l’ami que j’ai perdu,
Il y aura cette fuite éperdue
Vers l’Orient inévitable,
Saint Jean d’Acre et Salah ed Din, le guerrier sage,
Ensemble nous abattrons la citadelle,
Sous la tente on apportera
Le sorbet à la glace du Mont Liban
Et, fuyant le Saint Sépulcre,
Effroyable malentendu,
Nous soulèverons la poussière de la steppe.
Il y aura Samarcande et ses céréramiques bleues,
Le pilote en guenilles d’une felouque
Et cet enfant qui remonte le courant du fleuve
Ramant de ses mains dans une caisse
Devant Edfou pour quelqu’aumône,
Une multitude d’êtres humains
Sortant de sommeils millénaires
qui me reconnaîtront pour un des leurs.
Il y aura Don Quichotte en son implacable Castille,
Source de notre parole
Et puis la mer Egée sans aucun nautonier,
Ulysse dérivant vers Ithaque sans voile,
Rien qu’Irène Papas dans sa robe de deuil
Blanche.
Il y aura un enfant penché
Au-dessus d’un pont sur la Loire
Cherchant le souvenir d’une ombre passante
Et d’autres eaux encore, plus pures et plus noires
Il y aura la Pointe du Raz, toujours imaginée,
Tout un hiver de tempête désolant les pêcheurs
Attendant que le vent cesse,
Une île battue d’écume et de mort.
Il y aura la gloire des jardins au printemps,
Quelques aquarelles
Et la Sainte Victoire qu’on voit depuis
L’aire stationnement d’Aix-Ouest,
Le Grand rocher rouge et La route de Sommières
Tels qu’ils les ont vus l’un et l’autre.
Il y aura toutes les femmes
Que je n’ai pas su aimer
Quand elles s’offraient
Et les enfants auxquels je n’ai pas su parler.
Il y aura un très vieil homme
Qui m’a parlé d’au-delà
Un jour que j’étais comme lui très vieux
Et très vivant
Et nous avons secoué tendrement des morts
Qui, l’un après l’autre hochaient la tête
En souriant tristement, lèvres closes,
Sachant qu’ils entendaient tout
Ce que nous disions.
jeudi 11 mars 2010
Poésie, une définition
Ça, de la poésie ?
PLAGE
Ce sont deux enfants. Ils marchent sur le sable qui longe la mer, si calme aujourd’hui et chacun veille à marcher du même pas que l’autre, jambe contre jambe, pour éprouver plus charnellement le plaisir d’être ensemble.
C’est la morte saison et ils sont seuls. Seuls et amoureux.
Elle est plus petite que lui et tout en marchant il garde sans effort sa tête à elle au creux de son épaule. Il parle et elle l’écoute. Elle répond et il comprend tout ce qu’elle dit. Ils s’entendent.
Ce qui leur est arrivé leur paraît à la fois si beau et si naturel qu’ils prennent ça pour un dû, quelque chose à quoi ils avaient droit et qui ne leur avait été refusé jusqu’alors que pour une raison obscure mais assurément injuste, trop injuste. Quelque chose de raisonnable, tout simplement.
Ils ne garderont aucun souvenir de ce qu’ils disaient ce jour-là, mais seulement celui du bruit de la vague lointaine et mourante, de la douceur infinie de l’air, de son silence inhabité.
Ont-ils au moins quelque projet d’avenir, ou bien l’intimité de cet instant limité leur suffit-elle ? Ont-ils même besoin d’imaginer quoi que ce soit, puisque le présent est toute leur vie, ce qu’ils savent bien ? De toute leur force, ils sont attentifs à sculpter ce présent dont ils sont le fruit autant que le modèle, à lui donner forme palpable et douceur tangible.
Quel âge ont-ils ? Quinze ans, vingt ans, Quarante, soixante ? Cela n’a pas de sens, plus de sens.
Ils ne reviendront jamais ici ensemble mais aujourd’hui, ils ne le savent pas. Ils n’ont fait que se chercher avec application, se trouver, et c’était pour venir marcher sur cette plage, pour vivre cet instant.
Un poète
lundi 8 mars 2010
La mémoire et l'Histoire
jeudi 4 mars 2010
Rubenstein
mercredi 3 mars 2010
Patates
Hérédia
Moissons
Un long cheminement noir barre d’un trait le chemin de poussière.
A la fin du printemps, le grain des graminées est mûr et fragile à la fois. La dernière averse d’orage et le coup de vent du nord qui l’a brutalement chassée ont précipité au sol les enveloppes sèches de la folle avoine. Quelques jours encore et tout sera piétiné, dissous, englouti dans l’humus renouvelé de la prairie. Les fourmis le savent, elles n’ont attendu que la pointe du jour pour ouvrir le grand chantier de l’année. Hier pourtant, passant ici, on n’y avait vu personne.
L’oeil qui d’abord se perdait dans un grouillement infinitésimal a bientôt reconnu deux colonnes distinctes, l’une qui se hâte vers les granges souterraines et l’autre qui part aux champs. De minuscules arrêts interrompent régulièrement la marche pressée de chaque insecte, le temps d’un mystérieux échange avec celui qui s’avance vers lui, du même pas. Le cheminement se trouve ainsi constamment haché et dévié, sans que pour autant, vue d’en haut, la ligne noire de l’armée perde rien de sa rectitude. La charge qu’on croit énorme pour chacun, et longue jusqu’à la démesure, semble ne jamais peser. Brandie au-dessus des têtes, elle avance continûment comme si c’était elle qui entraînait le petit grain noir.
Le passant a choisi l’un de ceux-ci pour la taille particulièrement remarquable de l’épillet qu’il traîne, prêt à rire des efforts qu’il devra faire au moment de se glisser dans le minuscule orifice où la foule se presse. De fait, quelques pas malhabiles trahissent un certain embarras et déjà l’on s’amuse, le temps de comprendre que c’est à reculons que l’insecte a choisi de descendre l’invisible escalier, tandis que la pointe de l’oriflamme herbacé s’agite une dernière fois à l’air libre.
Autour du gros pied de mauve qui abrite l’entrée du souterrain, le piétinement des moissonneuses a visiblement tassé le sol, mais le long chemin qui en sort s’efface lentement à mesure qu’on s’éloigne avant de se dissoudre dans l’infinité de la prairie, comme on voit, en survolant un plateau désertique s’effacer bientôt dans les sables environnants le fin réseau de routes qui sort de la ville. Il ne reste qu’à choisir, laisser la pensée s’égarer en une interminable et dérisoire comparaison, ou bien, du haut du regard, admirer librement le suintement léger des légions en marche.
Chopin
Tempête
lundi 1 mars 2010
Esplanade
Madame Badinter
dimanche 28 février 2010
Charles Juliet
vendredi 26 février 2010
Expositions de peinture
Jean-Claude Carrière
jeudi 25 février 2010
Chat
mercredi 24 février 2010
Fiction plus que réalité
mardi 23 février 2010
jeudi 11 février 2010
Un roman français (commentaire)
Ce dont je suis pourtant coutumier, au risque de m'entendre dire que je suis sévère (trop), intransigeant (trop) et sans indulgence.
Je reconnais bien volontiers mes torts, qui ne se bornent pas, hélas à la lecture des livres, mais au moins puis-je dire que je ne prends pas pour un vrai critique littéraire, ce qui est un métier. (J'ai achevé de m'en convaincre en lisant hier la chronique que Pierre Lepape a consacrée à un livre de MarieNdiaye 'Un temps de saison".. Là, on a affaire, c'est tout à fait évident, à véritable "un genre littéraire".
Alors, de quel droit, petit bonhomme, je vais jouer à ça ?
Du seul droit de ma peau, à laquelle je tiens et qu'il faut bien que je défende autant que je dois la nourrir.
Je ne dis pas que j'ai raison de laisser tomber tel ou tel livre, je me borne à dire qu'il ne m'apporte rien et qu'il y a assez de contraintes dans la vie pour que je m'exonère de celle de lire un livre qui ne m'apporte rien.
S'il s'agit de se distraire,de se soustraire un instant à la dureté du moment, bref, de passer le temps, j'ai d'autres recours.
D'autant que les instants que je peux consacrer à la lecture au long d'une journée sont relativement rares et fatigants. Vous l'avez compris : je lis peu, autant vaut-il que j'y regarde à deux fois ! À moins que quelqu'un, comme ce Beigbeder dont je viens de parler, ne me saisisse par la manche et me secoue pour me dire:
- Hé toi, là, arrête-toi un instant, j'ai quelque chose à te dire" !
- Moi, Monsieur, mais je ne vous connais pas et en plus...
- Un instant, mon cher; j'ai à parler de moi. C'est-à-dire de toi !
Victoires
On entendit certes une immense pianiste (Hélène Grimaud), un étonnant contre-ténor (Philippe Jarrousky). Il n' y eut que de belles choses, mais pourquoi l'image qui demeure dans mon esprit, quelques jours plus tard est-elle celle de l'ensemble "concert spirituel", sous la direction d'Hervé Nichet ? Un sentiment d'harmonie totale entre chaque musicien et son instrument, entre le groupe et son chef, entre celui-ci et la mesure implacable de la musique baroque, mais surtout : ce sentiment de pénétration qui se lisait sur tous les visages. Oui, ce soir là, la musique avait un visage. Heureux, ces musiciens !
mercredi 10 février 2010
Une toute petite pensée
Ainsi, lorsque j'étais jeune, tous les vieux, sans exception étaient des cons. Eh bien, aujourd'hui, c'est l'inverse !
Demain
Quand je serai grand, quand j'aurai trouvé du travail, quand j'aurai trouvé une maison, quand les enfants seront grands, quand j'aurai réussi mon concours, quand je serai nommé, quand j'aurai de l'avancement, quand je gagnerai davantage, quand...
On me rendra cette justice : je n'ai jamais (pas une seule fois)dit "quand je serai à la retraite", ni "quand j'aurai quitté ma femme"..
Et pourtant, tout cela est arrivé.
mardi 9 février 2010
Un roman français de Frédéric Beigbeder
L'auteur, trop vu, trop entendu, sa posture de bouffon médiatique -bref, tous les préjugés que je pouvais avoir m'en auraient retenu. Et puis, la vie étant courte, il faut bien choisir ses lectures avec rigueur. (Il y a tant de livres qui me tombent des mains, bien avant que j'en aie lu la moitié.
Ayant proposé deux chroniques au Mag de Autour des Auteurs (ADA) , la rédaction n'a retenu que celle que je consacrais à Laurent Mauvignier. Vous allez donc profiter des Soldes !
Un roman français de Frédéric Beigbeder
On peut écrire que l’expression « vie de famille est un oxymoron », que l’on a « horreur des autobiographies trop exhibitionnistes » et parler durant 280 pages de sa propre famille, pour la seule raison qu’on reconnaît n’être que le résultat, le produit de celle-ci.
On comprend mieux que Frédéric Beigbeder ait tant fait (se droguer, se pipoliser, écrire aussi) pour s’extraire de cette famille puisque, pour lui, « la vie commence quand on la quitte ».
Le titre du livre paraîtra prétentieux, peut-être insultant pour certains, mais descendre d’un haut lignage, avoir eu un grand-père tué à la guerre et concentrer en soi deux « maux du siècle », sans compter la recherche de la notoriété, n’est-ce pas aussi une façon d’être bien française, dès lors qu’on n’a peur ni de se grandir ni de s’avilir ?
Parti pour conforter un préjugé bâti sur trop d’exhibitions, je dois reconnaître à cet auteur une honnêteté morale et une sincérité dont chacun pourrait s’honorer. Certes, passée la première partie du livre, le récit flageole un peu et tend au ressassement (il faut bien atteindre les dimensions d’un roman), mais l’on termine comme on a commencé, touché par cette mise à nu qui est non seulement celle de tout un pan de la société française d’aujourd’hui, (allez donc voir comment se passe une garde à vue !), mais aussi celle d’un homme qui ose, avec une discrétion dont on ne l’aurait pas crédité, dire l’amour dont il est capable aussi bien que celui qui lui a manqué. Et ce, avec le talent dont il cherchait depuis longtemps à nous convaincre.
lundi 8 février 2010
Nouvelles de la presse parlée
Serait-il plus difficile de dire, par exemple, "qu'un dispositif est en cours d'élaboration" "qu'il vient d'être mis au point" ou bien que "l'on travaille à..;"?
En voulez-vous un(une)autre ? Rappelons à ceux qui causent dans le poste " que 'adjectif numéral "cent" prend un S final dès que le nombre est supérieur à l'unité. Cela nous éviterait ces pénibles "deux cent Heuros" avec deux H inspirés, qui écorchent l'oreille.
Enfin, un troisième, pour la route ?
Eh bien, voilà : QUI est mort et ce n'est pas une interrogation, c'est malheureusement une affirmation ou tout au moins une quasi-affirmation. Par crainte sans doute de "parler vulgaire", il est de bon ton, maintenant, de parler de "ce qu'il se fait" ou de "ce qu'il reste" plutôt que de"ce qui se fait" ou de "ce qui reste". )Pauvre pronom relatif !
Je crains beaucoup que tous ces tics ne soient, hélas des tics "durables" comme tout le reste, depuis si longtemps que "cela perdure" !
Dieu qu'il est difficile d'être simple ! Et que la mode est belle cette année !
dimanche 7 février 2010
Océans
Beaucoup de carnages qui rappellent que la vie se nourrit de la mort. Qu'il ne peut en être autrement, aurait-ll fallu ajouter. Qu'il s'agit là d'un seul et même mouvenet qui ne cesse d'aller de l'un à l'autre, ce que le bouddhisme dit bien mieux que quiconque, évitant ainsi de tomber dans les sempiternelles oppositions Faibles/forts, Animaux utiles/animaux nuisibles, prédateurs/victimes, rapaces/ petits oiseaux, lesquelles ne font jamais que ramener l'insupportable prêchi-prêcha de la morale chrétienne occidentale. les bons d'un côté, les mauvais de l'autre, et en avant marche, au son de mon clairon comme aurait dit L.F. Céline.
Je n'ai pu, d'ailleurs, m'empêcher que la mort d'une otarie capturée par une orque me touchait plus que la dévoration - jusqu'au dernier individu - de ce banc de petits poissons tourbillonnant dans une formidable danse de mort par des congénères dont la taille n'avait rien de monstrueux. Je soupçonne une solidarité entre mammifères !
Et que dire, alors, de notre tendresse pour les baleines, ce puissant mystère dont on ailerait savoir quand et pourquoi il a quitté le sol terrestre. Mais , qu'il soit des nôtres, cela ne saurait faire de doute.
En définitive, le fil m'a beaucoup moins impressionné que "la marche de l'empereur" dont le seul propos était de nous rappeler la toute-puissance et la nécessité de l'acte de reproduction et ce, dans les conditions les plus extrêmes, dans lesquelles n'existe plus que l'essentiel. Nécessaire rappel pour ces petites têtes que nous sommes et qui, trop souvent, oublient de penser, ce qui est pourtant un autre essentiel.
Au demeurant, qui peut rester insensible à cette démarche à la fois balbutiante et terriblement obstinée des ces drôles d'oiseaux, qui nous ressemblent tant ?
Une dernière image, enfin, extraite d'un autre documentaire animalier. C'est un immense espace vide et parfaitement plat, derrière lequel se profile au loin, une énorme montagne de glace. Soudain, apparaît sur la droite de l'écran, marchant à pas lents, tête baissée, un manchot solitaire et pensif, qui va traverser toute la scène.
Quand la beauté suffit à la pensée.
samedi 6 février 2010
Pourquoi
Un peu parce que j'aime écrire et beaucoup parce que -même si je parle de moi, et cela arrivera sans doute - c'est pour aller vers vous.
Je vous parlerai sûrement de ce que représente l'écriture pour moi, mais je peux vous dire sans plus attendre que c'est peut-être devenu la chose la plus importante de ma vie;
Ce n'est pas un métier, cependant, même si j'ai déjà publié 6 livres - et c'est beaucoup plus qu'un passe-temps, c'est une nécessité. Pourquoi ? parce que le monde attendait que je dise comment il est fait !
Plus exactement, comment moi, je le vois. Et ça, personne ne l'avait jamais fait.